Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 28 juillet 2007

Zwei tag in gross Paris


De notre envoyé spécial à La Rochelle

Deux jours à Paris


C’est le titre en français du film de Julie Delpy.
On se demande bien par quel snobisme on affuble cette production française d’un titre anglais qui, de plus, traduit dans notre langue « sonne » tout aussi bien.
Je le rebaptise donc derechef dans ce qui semble bien être devenu un dialecte en voie de disparition, une langue à demi-morte sans doute pour ceux qui, dans leurs bureaux, pensent que …

Julie Delpy me plaît infiniment : je l’avais beaucoup appréciée dans « Sunset » puis, un peu moins dans la « séquelle » (oui, on ne doit plus dire « suite ») « Before sunset » où l’on peut constater que les auteurs se sont décarcassés pour trouver un titre.
Faut dire que « Sunset 2, le retour » eût été incongru, même si plus commercial.

La bien agréable Julie, donc, nous fait, avec quelque indéniable talent, son « Sunset re-before, but in Paris » à elle et ne réussit pas trop mal son coup : son amant et elle vivent aux U.S.A. (comme Miss Delpy dans la vraie vie) et se font un petit voyage en amoureux (in love) dans la vieille Europe ; Venise bien sûr avant de repasser par Paris pour un court séjour comme dit dans le titre.

Il y a du (jamais vraiment très) bon et du moins bon dans ce petit film idéal en période estivale permettant de passer près de deux heures dans une salle heureusement climatisée loin des touristes déchaînés, et c’est, finalement, tout ce qu’on lui demande.
Pour le bon, il réside essentiellement dans le talent du couple en premiers rôles, Adam Golderg en moitié américaine étant en tous points excellent, lui aussi.
Là où ça se gâte quelque peu côté distribution (casting), c’est que la réalisatrice tient absolument à confier les rôles de ses parents à … ses propres géniteurs.
Maman Delpy, dès sa première scène, joue comme une savate et ferait passer, je sais pas, moi, disons Laetitia Casta pour la nouvelle Maria Casarès.
Quant au père, joué, donc, par Albert Delpy, il roule des yeux comme Harry Baur ou Raimu n’auraient jamais osé le faire.
Mais bon, faut bien faire profiter la famille en ces temps d’intermittences jouant les prolongations.
Evidemment, l’apparition de l’ami Benjamin Baroche me comble d’aise car lui est excellent acteur, et je ne dis pas ça parce qu’on a une pissaladière à partager dans les prochains jours.
Pas de quoi crever l’écran, cependant, tant son passage est en coup de tramontane (il comprendra !).

La réalisatrice nous montre un Paris avec lequel elle semble entretenir des rapports en dents de scie.
Les chauffeurs de taxis sont ceux que l’on rencontraient il y a encore quelques années : de gros franchouillards facho en caricatures d’eux-mêmes.
On sait que cette espèce a disparu, laissant la place (chère, paraît-il) à un contingent d’asiatiques et d’africains qui nous charment en world-music (j’ai rien contre) tonitruante (c’est moins bien) diffusée par Radio Bangui ; mais au moins ceux-là, j’ose l’espérer, ne sont pas porteurs d’une idéologie raciste.

En bouclage de scénario, Julie Delpy se rend compte qu’elle a un peu chargé la mule et c’est un chauffeur hyper-sympââ qui prend en charge nos amoureux le jour de la fête de la musique, ce qui me permet de penser que la scène se déroule un 21 juin ; oui, je sais, je suis perspicace.
On pardonnera volontiers ces lieux communs de maladresse grâce à quelques jolies scènes bien vues, dont celle du restaurant, lieu où il est difficile de faire bien depuis Victor Victoria ou « Quand Harry … », et c’est d’autant plus méritoire.

La question essentielle posée par le scénario étant de savoir si l’amour qui unit nos deux tourtereaux résistera au passé sexuel de la parisienne qui s’obstine à ressurgir à tout moment, je n’en dévoilerai pas le dénouement.
Présenté par certains critiques, en ces temps de disette, comme « LE » film français de l’été, « 2 days in Paris » (2 jours à Paris, j’insiste), nous permet de vérifier que ce n’est, osons l’espérer, pas le cas.

Charmant souvent, irritant parfois (la Delpy family), inabouti sûrement.

J’irai voir cet aprèm à 6 heures (4,60 €), cette Paloma dont je pressens qu’elle m’enchantera.

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