Dans le TGV qui m'a ramené à Paris, hier, je me suis fait une crise de paranoïa qui ne m'a quitté que sur le quai de la gare Montparnasse.
Peu avant le départ s'installe en vis à vis un jeune monsieur très barbu coiffé d'une casquette, habillé avec élégance.
Il dépose à côté de lui, sur le siège inoccupé, son seul bagage, un cartable bien rempli, je dirais "bombé".
Pendant les trois heures interminables que dure le voyage, mon voisin téléphone à maintes reprises d'une voix si basse que je ne puis comprendre en quelle langue il s'exprime.
Il a un chapelet en argent qu'il égrène fréquemment en chuchotant quelque prière inaudible.
Je ne peux détacher un regard en coin, toutes idées me venant à l'esprit, dont celle qu'il ne peut ignorer ma curiosité angoissée.
Mon Libé me raconte les otages d'Afghanistan, contribuant à la montée en puissance de mes appréhensions.
Dans ma tête défilent les images de "Vol 93" pendant que mon voisin s'endort alors que passe le contrôleur : le barbu a laissé son billet en évidence pour ne pas être dérangé, que l'homme de la SNCF poinçonne sans s'attarder.
Tout me semble suspect au point que si je ne craignais le ridicule j'en aviserais l'homme à la casquette.
Je me dis qu'ils sont plusieurs sans doute, disséminés dans la rame et que je ne vais pas tarder à entendre l'imprécation fatidique qui précède tout attentat.
Nous arrivons au terme du voyage à l'heure prévue.
Sur le quai, je fume coup sur coup trois cigarettes, encore pétrifié.
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