Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 2 mai 2007

Face à face : un point de vue raisonnablement optimiste

Difficile pour moi de suivre le débat sur la petite radio crachotante du "Caveau".
D'autant que j'étais assailli de SMS, les uns sombrant dans une parano très "rocardienne" m'assénant des "elle est mauvaise" et autres "c'est la cata !"(pardon Tof et Thierry), les autres, venant de personnes ne votant pas habituellement socialiste, nettement plus enthousiastes "elle mène le débat", "gagnante !", "elle se bat" ou "elle fait bien son boulot".

De retour après une soirée écourtée (peu de monde, spectacle plus court) je regarde la fin du débat et "zappe" sur l'enregistrement numérique, allant aux passages qui m'ont échappé au théâtre.

Difficile de porter un jugement serein sur ce genre d'exercice : je suis frappé par la longueur du débat (2h40 !) et me demande si les téléspecteurs auront tenu jusqu'au bout.
On le saura sans doute plus tard.

En présence, un Sarkozy calme (Lexomil ?), précis, pragmatique, jouant le "profil bas" après les excès de sa campagne "lepénisée" et une Ségolène Royale très combative, passionnée, imprécise parfois, mais décidée à enfermer l'adversaire dans une posture de "sortant".

De "sa" candidate, on attend beaucoup, qu'elle se surpasse en permanence, qu'elle marche sur les eaux et on ne peut, bien sûr, qu'être déçu.
Se surpasser, elle y arrive notamment dans une charge de femme indignée, répondant à son rival sur l'enfance handicapée à l'école,dénonçant "l'immoralité politique" qui a présidé à la suppression des postes d'éducateurs du plan "Handiscol"...
Elle marque sans doute à ce moment un point important, le candidat de droite l'accusant de "perdre ses nerfs", ce à quoi elle rétorque : "Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines".
Courageuse, elle l'est également sur le chapitre de la fonction publique où les divergences éclatent.
Un courage patent puisque l'on sait bien que les fonctionnaires ont toujours fait l'objet de vindictes "populaires" (-istes ?) de nature poujadiste.

Elle réussit auparavant à faire dire à Sarko, si on écoute bien, qu'il est partie prenante du bilan des gouvernements depuis 2002 !
Sur ce point, l'ex-ministre de l'intérieur, même s'il donne l'apparence de l'assurance, reconnait implicitement l'échec de son action.
Violence et délinquance ont causé la perte de Jospin, comme il le fait remarquer, mais ses propos donnent à penser qu'elles étaient amplement fantasmées : il s'avère indéniablement que violence et délinquance ont augmenté en 5 ans.

En revanche, Sarko marque un point, à mon sens, sur la "nouvelle CSG" pronée par F.Hollande, Ségolène disant qu'elle ne l'appliquera pas.
Manque de concertation?
Désir de montrer que c'est elle qui décide ?
Scepticisme...

En revanche, la tirade de Sarko sur la "France des propriétaires" que la droite nous sort à chaque élection, n'aura pas fait illusion.

Sur le chapître de l'immigration, les positions sont connues et chacun s'y tient.
Sur la politique internationale, en portion congrue, on connait bien les divergences et il eût fallu dénoncer davantage l'atlantisme et le "bushisme" de Sarkozy.

Les conclusions sont très "électoralistes" dans le sens où elles visent, et c'est légitime, à convaincre les électeurs indécis.

Sur la forme de ce face à face, je dirais que Ségolène Royal a parfaitement réussi son pari de balayer les soupçons d'incompétence distillés ici et là, je devrais dire "de gauche à droite".
Offensive sans dérapage, face à un candidat brillant techniquement, elle s'est avérée être une sacrée tacticienne.
(J'entendais à l'instant Sylvie-Pierre Brossolette, du "Figaro magazine" qui est loin d'être un journal de gauche, la dépeindre en "redoutable politicienne" et reconnaître qu'elle avait "légèrement" dominé le débat,ce qui, de sa part, n'est pas rien.)

Elle aura réussi peut-être à gagner un point auprès des "indécis", cibles du débat, ce qui, en l'état actuel des choses, est loin d'être négligeable.

Je ne prétendrai pas qu'elle a gagné l'Elysée ce soir, mais je pense qu'elle a fait un pas en avant.
Chapeau l'artiste !

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