Bon, déjà, le téléphone portable, bien pratique quand on a oublié le code d'accès de l'immeuble et qu'on se retrouve comme une andouille sous des trombes d'eau, bouteille de chez Nicolas dans une main, bouquet dans l'autre, c'est moyennement supportable : demandez aux sdf qui tentent de se faire entendre dans le métro (s'il nous arrive de leur adresser la parole...) ce qu'ils en pensent, naviguant entre quidams écoutant Mika (oui, je sais qui c'est !) à donf dans leur casque imperméable ou hurlant dans leur Nokia que oui, ils sont à deux stations et que "quoi ? une baguette ?" ou, mieux que "oui, j'ai encore la diarrhée, putain de gastro".
Mais cette nouvelle technologie qui permet, aussi, de photographier ou filmer tout et n'importe quoi (un tabassage, Nicolas qui joggue avec François, ses ébats amoureux ...) recèle d'autres possibilités comme celle, très en vogue, qui consiste à écouter de la musique (enfin, façon de parler) sans casque et d'en profiter à plusieurs (35 dans le wagon de métro, hier, qui n'en pouvaient mais).
Dans le genre "je suis un rebelle et je t'emmerde", convenez que nous tenons là une idée de génie.
Vu que le son éructé par cette merveille technologique est aussi hi-fi que celui d'un gramophone Charles Pathé de la collection 1906 et que les oeuvres "distillées" feraient passer André Rieu pour le Mozart du 21ème siècle, je crains que nous assistions sous peu à une nouvelle mini guerre civile qui viendra troubler la belle atmosphère de sérénité qui règne sur notre société paradisiaque.
Vous me direz, si vous êtes un tantinet réac (qu'est-ce-que vous fichez là, si c'est le cas ?), que "oui, c'est toujours les mêmes et tout et tout".
Ben non, hier, de retour du MK2 Quai de Loire, c'est pas une horde de dégénérés de Saint Denis qui tonitruait ses borborygmes en mp3 à cent mètres à la ronde : c'était une minette de 20 balais à tout casser, belle comme un coeur, affichant une tronche renfrognée, sac Vuitton en bandoulière (vous savez, les nouveaux, ceux en couleurs qui sont des tuent-rétines absolus), seule (oui, seule, en plus !) qui distribuait le contenu de sa merditude numérique à tout l'environnement r.a.t.pèsque.
Bon, j'allais pas franchir les portes de l'Hôtel de Police (marrant, ça, "hôtel" pour désigner le gnouf) pour déposer une plainte pour agression sonore, mais, sortant de la projection de "Zodiac", fallait pas grand chose pour me transformer en "serial killer".
Je rentrai chez moi sous l'averse, sans parapluie comme toujours quand il pleut, et me réfugiai dans une sonate de Schubert par Zacharias : je n'eus même pas l'idée de pousser le volume sonore à fond pour en faire profiter mon voisinage.
Le respect ?
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