La première sortie publique du "président élu", c'était ce matin en compagnie de ce Chirac qu'on va finir par regretter (qui l'eût cru ?).
Et, tiens toi bien à la barre, matelot, l'objet de ces retrouvailles était, en ce 10 mai, la commémoration de l'abolition de l'esclavage.
Si vous relisez votre petit Sarko illustré, et, notamment, les discours emphatiques des meetings de campagne, vous apprendrez que la France n'a à rougir de rien, ni de l'esclavage, ni de l'attitude de l'Etat français pendant la deuxième guerre mondiale ("c'est quand même pas la France -admirez le style !- qui a inventé la solution finale !)(beurk).
C'est sur ce dernier point que Chirac, c'était une première dans la Vème République, avait sauvé ses douze ans de "règne" de l'oubli avec, l'Europe et le monde s'en souviennent, sa position ferme sur la guerre en Irak.
Mais pour Sarkozy, il faut une "rupture".
Si c'est en ce domaine qu'elle se manifeste, ça craint, euh, grave.
Je me souviens très bien des silences gênés de mes parents et grands parents quand j'évoquais l'occupation et l'attitude des "français de base" durant cette période.
Je me souviens du paternel me disant après que je lui eus présenté mon meilleur ami d'enfance, Philippe Taïeb : "dis-moi, Taïeb, c'est pas juif, ça ?".
J'en déduisis que le comportement de mes compatriotes en cette période, hormis une minorité de résistants, fut en général "dégueulasse".
Je frémis donc en pointant l'âge de ceux qui ont fait basculer l'électorat vers le sarkozysme.
Je pense aussi à ces bigots du 7ème arr. auxquels je posais naïvement il y a quelques années, quand j'exerçais mon professorat en ces contrées coupées du monde, la question de l'attitude de l'église romaine et apostolique lors de la même période (voyez l'excellent "Amen" de Costa Gravas).
Et vous pensez que ça ne vaudrait pas la peine de se repentir ?
D'au moins assumer, pour se sentir un peu plus propres ?
De continuer à lutter pour que jamais on n'oublie, pour que jamais cela ne se reproduise ?
(à suivre : mon 10 mai 1981)
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