Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 10 mai 2007

Mon 10 mai 1981


Le 10 mai 1981, la gauche accédait au pouvoir, par l'élection de F.Mitterrand à la Présidence de la République, après 23 ans de droite souveraine.
En pleine jeunesse, j'avais eu à constater notamment l'arrogance du pouvoir giscardien qui, se voulant "moderniste" (il y eut tout de même la loi Veil et l'abaissement de l'âge de vote à 18 ans) était gangrénée par les affaires : diamants de Bokassa, "suicide" du ministre Boulin, affaire De Broglie etc.
Les relations de la population jeune avec la police des Poniatowski et Bonnet étaient exécrables,(ça n'a pas vraiment changé ces temps derniers) des journaux comme Gai Pied et autres Hara Kiri étaient censurés, le X infamant apposé sur l'affiche de certains film et, malgré une certaine liberté des moeurs d'avant-sida dans les Alpes Maritimes de mon adolescence, un désir de retour à l'ordre moral se faisait sentir quotidiennement.
Je n'ai pas vécu le "10 mai" à Paris : j'avais donné procuration pour ce second tour car je participais à une émission de TF1 sur la chanson francophone où je représentais la France dans la catégorie Auteurs Compositeurs Interprètes.
J'ai donc vécu cette journée en Belgique où nous eûmes droit, en ce dimanche, à une "croisière" sur la Meuse avec visite dun château où je me faisais agresser sauvagement... par un cygne !
J'avais dîné la veille avec Jean Pierre Foucaud, le présentateur, et nous nous étions opposé sur l'actualité, lui soutenant Giscard et moi, bien sûr, Mitterrand.
Je garde néanmoins un excellent souvenir de ce monsieur, courtois et affable, qui me donna d'ailleurs un coup de pouce deux ans après pour la sortie de mon unique et impérissable disque.
Avec mon ironie habituelle, le croisant il y a quelques années sur un plateau télé où j'accompagnais les Voilà !, je lui demandai ce qu'il devenait, ce qui l'amusa beaucoup.
Au retour de cette inoubliable croisière, vraiment inoubliable puisque j'y rencontrai quelqu'un qui allait beaucoup compter par la suite sur le plan sentimental, c'est par la radio, dans le bus qui nous ramenait à Bruxelles, que j'entendis le résultat.
Notre bus était en tête de cortège : je demandai au chauffeur de s'arrêter illico et descendis sur le bas côté de la route, dansant, gesticulant, hurlant à l'adresse du bus suivant qui stoppa de même et d'où me rejoignirent les équipes belges et québécoises pour entamer une transe diabolique qui avait de quoi interloquer les automobilistes belges dont certains, au courant, klaxonnaient à tous vents.
Restée dans les bus, l'équipe TF1 semblait abasourdie, sonnée.
Car contrairement à dimanche dernier, le résultat n'était pas aussi prévisible.
Certains, à la télé, ce jour-là ont eu quelques sueurs : on se souvient de la mine défaite de Jean Pierre Elkabach sur le plateau de l'ex-Antenne 2 !
C'est dans la "suite" de la productrice, à l'hôtel Ramada, que nous avons suivi ce qui se déroulait en France, et notamment à la Bastille que le "peuple de gauche" avait prise (bis repetita) d'assaut en une soirée où la pluie ne parvint à doucher une immense explosion de joie.
J'enrageai de ne pas être sur les lieux de l'évènement, consolé par les nombreuses coupes de Champagne saourées en maints toast' à celui qu'on n'appelait pas encore "tonton".
La suite ne fut que félicités qui resteront du domaine privé.
Pour couronner le tout, je rentrai à Paris couvert de lauriers dans un état d'euphorie que vous imaginerez aisément.
Je précise que j'avais milité pour cette élection au sein de la section PS du 3ème arrondissement, et que je fus de tous les évènements qui suivirent (enfin !) dont la célèbre visite de Mitterrand au Panthéon le jour de son entrée en fonction.
Demain, je vous raconterai comment je suis allé vendre "Combat Socialiste" au public huppé de Roland Garros.

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