Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 31 octobre 2008

Hyper trendy and to be continued

Les gens qui parlent dans des micros, à la télé, a la radio, et ceux qui écrivent dans les journaux, ont le pouvoir de répandre dans les cerveaux les termes que les moutons se devront d'employer pour rester dans le vent.

Le mot "tendance", usé jusqu'à la corde, vient ainsi d'être remplacé dans les clapets de ceux qui "font le buzz" (!) par son équivalent anglo-saxon "trendy".
Bien que les "tendances" de toutes sortes nous aient chauffé les oreilles et les yeux pendant quelques mois (un record !), la propagation, pour les remplacer, de cet anglicisme marque un nouveau recul d'une langue française déjà bien mal en point.
Je ne sais combien de temps tiendra ce "trendy" qui s'insinue à la rapidité du virus de la gastro-entérite dans nos bulbes rachidiens disponibles.
Toujours est-il qu'on nous le sert du matin au soir à toutes les sauces, jusque dans les colonnes d'un hebdomadaire aussi sérieux (ou prétendu tel) que le Nouvel Observateur, lequel, cette semaine, nous dit que le manger "bio" et "local" est vachement "trendy".
Mais il est également "trendy" de palpiter pour Mr ("Mr" = "mister", "M." = "monsieur", il est bon de le rappeler) Obama et de dire que Coluche est devenu "trendy" lui aussi, qui n'aurait pas manqué, s'il était encore là, de pourfendre ce genre de conneries linguistiques.

Vous vous amuserez comme moi à relever tous les "trendy" qui hantent notre quotidien médiatique, le premier exercice du genre consistant à faire un petit tour à "L'édition spéciale" de Canal plus à partir de midi et demie, ou à peu près.

Dans leurs délires "plus english langage tumeur", ceux qui nous font un univers "trendy" à mort ont trouvé encore un machin récurrent, le remplacement de notre bon vieil "à suivre", facile comme tout à dire, simple, qui se la pète pas, par un "to be continued" que nos langues françaises, si peu douées pour les idiomes extérieurs, vont écorcher allègrement dorénavant pour être "trendy".
Si j'ai bon souvenir, c'est dans une publicité (une "pub", quoi !), que j'ai vu apparaître ce terme jusqu'alors réservé aux dernières images des séries anglo-américaines qui ont le vent en poupe actuellement, et donc, coco, glisser ça dans une "réclame", c'est hyper "trendy".

Le vocabulaire à la mode est néanmoins intéressant, en symbolique instantanée de notre société ; il nous ressemble.
Quelquefois, ces expressions atteignent leur consécration dans la durée : ainsi, on se souviendra de celle qui a tenu si longtemps, dernièrement, le haut du pavé, "ça le fait", "ça va le faire", auxquelles on aura pu adjoindre le mot "grave" en sont les stars incontestables.
Et bien de chez-nous.

Toubicontinioude.

Bonus : une journaliste de France Inter, service public en danger, toujours la même je crois, a inventé le verbe "vatre".
Ainsi, pour la énième fois ce matin, elle nous a informé qu'une loi "va-t-être promulguée".
Je ne sais pas ce qu'elle a fait à ses petits camarades d'antenne, mais soyez sympas, les gars, dites-lui !
A moins que personne n'ait relevé l'erreur !?

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