On s'était procuré cette affiche en grand format : le disquaire de la Place De Gaulle en fit sa vitrine.
Il est peut-être au moins un lecteur de ce journal pour se souvenir du Ciné Festival de Gazan, à Antibes qui fut sans doute l'une des plus petites salles de l'univers et d'ailleurs, réunissant une demi-douzaine de gamins dans ma chambre du deuxième étage.
Les après-midi, été comme hiver, sur le drap tendu au-dessus du lit, des images muettes (en noir et blanc la plupart du temps) défilaient, au rythme de 24 par seconde, en versions condensées de grands classiques ou de nanars oubliés loués chez le photographe de l'avenue Thiers.
Je jouais en fait à "faire le cinéma", disposant une caisse de fortune à l'entrée de la chambre (50 cts la place !) et peignant à la gouache de grandes affiches proclamant des "en exclusivité" ou des "en SuperScope" imaginaires.
Je palliai l'absence de son par des bruitages improbables et des musiques jouées par mon électrophone Pathé Marconi : il n'y avait pas grand choix, et la Rhapsody In Blue de Gershwin accompagna bien des westerns et autres "films de gangsters".
Je projetais des dessins animés en première partie, souvent les mêmes car le choix était limité et faisais, à l'entr'acte, lecture de quelques "réclames" pour les commerçants du coin : la crémière du "Bon Lait" de la rue James Close ne sut jamais à quel point elle m'était redevable !
Un peu plus tard, à 16 ans, avec les copains, nous créâmes le Ciné Club Antiboulenc dans une "vraie" salle (l'Orangerie) prêtée par la paroisse (!) où je projetais de "vrais" films "parlants", dont, cela fit date" "L'Evangile selon Saint Mathieu" de Pasolini, oeuvre iconoclaste s'il en est pour laquelle j'invitai des potes communistes (!) à participer au débat.
Un jour, il y a quelques années, le réalisateur Nicolas Boukhrief me dit que c'était dans cette salle qu'était née sa vocation !
Depuis, les techniques ont évolué à la vitesse de la lumière.
Aujourd'hui, loin de l'imposant Hortson 16mm du ciné-club, le vidéo-projecteur "full HD" me permet de diffuser dans mon salon des images d'une qualité impressionnante avec un son multi-canaux d'une belle densité.
La énième vision, l'autre soir, du film de M.Cimino "Voyage au bout de l'enfer", dupliqué sur disque "Blu Ray" me fit mesurer le chemin parcouru depuis les images tremblotantes des "Laurel et Hardy" qui nous faisaient trépigner autrefois.
Les nombreux "DVD" accumulés ces derniers mois me rappellent combien il était difficile de se procurer, à l'époque, des films récents.
Dans quelques jours, je pourrai proposer Wall-E à mes invités : les temps changent.
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