Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 9 octobre 2008

En vrac

«La finesse du Virginia, la richesse et la profondeur du Burley, le velouté de l'oriental. Chesterfield, le meilleur de chaque tabac pour un goût incomparable.»

Ces deux phrases étaient imprimées joliment sur les paquets de "Chesterfield Classics", ces "sans filtre" au goût de miel qui nous laissaient des brindilles de tabac sur la langue avant, là-bas, quand nous nous appelions "les trois mousquetaires" puisque nous formions une bande de quatre aussi différents qu'inséparables en nos seize ans.

Nos gardiens de la vertu ont aujourd'hui interdit la diffusion de ces paquets où figure la phrase, presque aussi classique que "Le Port Salut, c'est écrit dessus" ou "Sol si ré, grâce à Johnson" (je plaisante : cette dernière, je l'avais inventée, quel génie !).
La phrase en question, donc, représente aux yeux de nos censeurs une incitation publicitaire.
Je vous mets au défi de repérer le laïus sur les présentoirs de votre buraliste, là où les bonnes gens, enfin désintoxiquées, viennent épancher leur addiction aux jeux de hasard, en opium tout aussi nocif pour leur santé, mentale celle-là.

Ça n'a rien à voir, quoique : le célèbre humoriste Frédéric Martin, connu surtout (uniquement ?) pour être le fils de Jacques, vient d'être condamné pour avoir, lors d'une émission de Ruquier, évoqué les gagnants d'un Star'Ac en désignant l'un des lauréats, Grégory Lemarchal, par le nom de la maladie qui allait l'emporter.

La phrase qui avait suscité, à l'époque, la plainte du jeune homme était celle-ci :
«Y en a eu des gagnants : Jenifer, Nolwenn, Elodie Fréger, mucoviscidose et l'amicale Magali !»
Ce brillant humoriste, selon Libération, est condamné à payer 1000 euros d’amendes et à verser à la famille de Grégory Lemarchal 2000 euros de dommages et intérêts, auxquels s’ajoutent 2000 euros de frais d’avocat. Par ailleurs, la Cour a ordonné la diffusion d’un communiqué sur France 2 entre 18 heures et 20 heures (ex-heure de diffusion de l’émission On a tout essayé) et la publication de ce communiqué dans le journal Le Monde.
Cette affaire en forme de tempête dans un verre d'eau remet en avant le fameux "peut-on rire de tout ?".
Je serais tenté de dire "avec du talent, oui".
Ce qui n'est pas le cas ici, vous en conviendrez.
Si on poursuivait tous les cons devant les tribunaux, ceux-ci ressembleraient au métro à cinq heures de l'aprés-midi.
Le manque de discernement qui caractérise une époque placée sous le signe de l'amalgame, mènerait en outre à la barre des Coluche et des Desproges (qui tournait en dérision son propre cancer), car les censeurs patentés sont toujours en embuscade derrière leur index vengeur.
Ca me laisse des brindilles au goût amer sur le bout de la langue.

Sinon, la bourse repart à la hausse et on nous annonce que la croissance, en France, sera presque nulle en 2009.
Prenons un bon bouquin et écoutons du Schubert : ça va tout de suite mieux.







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