Libé s'est livré à une vaste enquête d'opinion à la veille de la (première ?) journée de grève qui nous attend demain : si la grève n'est pas approuvée par la majorité de la population, les mécontentements sont en train de s'accumuler au-dessus de la tête de nos gouvernants et, bien sûr, du premier d'entre eux qui accuse une baisse sévère dans le sondage du jour.
Avant, en cas de crise grave, le premier ministre servait de fusible.
Aujourd'hui, le président, à vouloir être constamment en première ligne, cristallise les humeurs des français autour de sa personne.
Les jours qui viennent seront révélateurs sur plusieurs points, et notamment sur le fait de savoir si l'électorat sarkozyste a vraiment voté en connaissance de cause.
La brillante campagne du candidat de l'UMP a ratissé large, reprenant à la fois les thèmes de l'extrême-droite et récupérant les gloires de la gauche, de Jaurès à Blum, en passant par le jeune communiste Môquet.
Pour ceux qui se sont opposés au programme de la droite (j'en suis) , il n'est guère surprenant que la majorité applique ce pourquoi elle fut élue.
Le hic, c'est que les français, c'est normal, sont obnubilés par leur pouvoir d'achat aujourd'hui ramené à peau de chagrin : sans doute Ségolène s'en préoccupa-t-elle, mais tout ce qu'elle défendait fut étouffé par le bruit assourdissant du rouleau compresseur d'en face.
Les cadeaux fiscaux aux plus riches, l'auto-augmentation de "salaire" du président, l'arrogance "people" si bien décrite par les Guignols ("t'as vu ma Rolex ?") ne peuvent qu'exaspérer le français moyen confronté au prix de la baguette de pain devenue produit de luxe.
Manipulée un temps par des médias majoritairement acquis au pouvoir, l'opinion se réveille avec une épouvantable gueule de bois.
Pendant ce temps, le PS, encore principal parti de gauche, sonné par ses défaites successives et par les débauchages pratiqués par l'adversaire, a le plus grand mal à se ressaisir : Hollande, qui ne dit pourtant pas que des conneries, est devenu quasi-inaudible.
De là à proclamer, comme je l'entends ici et là, que le PS "est mort", c'est un peu court, jeune homme : fort heureusement, dans cette encore démocratie, c'est le seul parti d'opposition à disposer de nombreux élus dans toutes les instances nationales, à avoir limité la casse aux législatives et à être en position de reprendre l'avantage lors des municipales de mars 2008.
Ceux qui se font jouir à l'idée que le PS pourrait rendre l'âme ont tout à perdre : il est indispensable que ce parti se renforce, certes en se renouvelant, en adaptant la vieille maison aux nouveaux contours de la société.
L'éclatement de la gauche en petits partis aurait des conséquences désastreuses électoralement et serait la garantie du maintien au pouvoir durablement de la droite "décomplexée" qui nous gouverne.
En période de mécontentements naissants, il n'est pas étonnant qu'on assiste à un regain de popularité d'un Besancenot (lisez le Libé du jour) : le brillant et très médiatique "porte-parole" de la LCR trotskyste joue sur du velours et n'a qu'à faire feu de tous bois en bon pompier-pyromane qu'il n'a cessé d'être, son organisation ne voulant en aucun cas participer à l'administration du pays.
Un pays où les salariés ne se syndiquent plus, où le militantisme politique est peu pratiqué alors qu'il faudrait faire évoluer les partis de l'intérieur, un pays malade qui a confié son destin à un homme capable du pire comme du pire.
Et surtout de dresser les gens les uns contre les autres.
A suivre dans les prochaines heures.
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