Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 9 février 2008

Moineaux et autres volatiles.


Vu de mon balcon, le square Clignancourt est une enclave bourgeoise dans ce quartier populaire.
Anne Roumanoff y habite, c'est dire...


Ma rue ce matin. Au loin, le dégoulinant Sacré Cœur.

Ma rue entre en sommeil chaque samedi, débarrassée des hordes vociférantes du lycée professionnel où il est besoin de hurler pour converser avec son voisin, les filles n'étant pas en reste qui ne savent sans doute ce que signifient chuchoter, murmurer, roucouler, chantonner, sussurer, qui seront autant de verbes tombés en désuétude sous peu.
Seuls les enfants de l'école maternelle s'égaillent en piaillant sur le coup de onze heures et demie, leur départ plongeant jusqu'au lundi matin la rue peu passante dans cette léthargie de fin de semaine aujourd'hui arrosée d'un soleil généreux en printemps précoce.
Ma rue n'est pas une de ces artères bruyantes du bas-Montmartre où crissent les freins du 80, où pétaradent les motocycles japonais, où passent les cortèges klaxonnant des mariages quittant la mairie du 18ème toute proche.
Elle n'est même pas belle, bordée d'un côté par ces bâtiments sans âmes où des enseignants dévalorisés en ces temps de disette intellectuelle, essaient de dispenser quelque savoir à des cerveaux noyés dans le Coca et la muzak d'NRJ et MTV.
Dans ma rue, on croise souvent les mêmes, la dame au petit chien blanc qui ramasse toujours les crottes de son toutou, celle, un peu dérangée, qu'un berger allemand promène en laisse et qui n'est encore jamais tombée et c'est miraculeux, la patronne du restaurant chic l'Oxalys qui attend le client d'un sourire triste qui semble dire "qu'est-on venu faire dans la seule rue paumée de ce quartier dont on nous avait dit qu'il est en pleine évolution ? ".
Ma rue n'est pas une rue comme les autres.
Nommez la au taxi qui vous fait m'y rejoindre : il n'en a jamais entendu parler.
Ma rue n'existe pas.
Elle n'est qu'à moi.

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