Le "milieu" pianistique des concours nationaux, je connais bien : du temps de mes études musicales, je fus en effet une "bête à concours".
Je détestais l'ambiance qui régnait dans ces compétitions où j' "assurais" néanmoins au rythme de 4 par an.
J'en étais un élément redouté des concurrents qui m'auraient bien cassé le poignet s'ils l'avaient pu et j'entendais les "y'a Coudène" chuchotés par les petites bourgeoises qui devaient sentir combien j'étais peu conforme à l'idée qu'elles se faisaient de la bienséance pianistique.
Il faut dire que j'arrivais toujours au dernier moment accompagnée d'une mère et d'une prof qui avaient dû user de toute leur diplomatie pour m'arracher à mon lit, car ces salauds nous mettaient le concours le dimanche matin rien que pour m'embêter.
J'en repartais "premier prix" en poche nonobstant, observant avec une morgue certaine mes concurrents dépités.
J'accompagnai hier après-midi un élève dans l'un de ces concours et m'amusai d'entrée de sa tenue vestimentaire "de tous les jours" (jean effrangé, chemise sur t'shirt, logs cheveux noués par un élastique) qui le faisaient ressembler davantage à un jazzman qu'à un concertiste.
Il faut reconnaitre que l'ambiance de ce concours (au conservatoire de Vincennes) était des plus agréables : vastes locaux lumineux, piano à disposition pour répéter, télé pour suivre le candidat en cours, et des organisateurs (marseillais) sympathiques avec lesquels j'eus une conversation vitale sur la composition d'un grand... aïoli !
Dans cette ambiance, mon élève n'eut guère le temps de stresser et, amusés, nous le vîmes gagner le piano de concert avec toute la nonchalance de ses 15 ans.
S'ensuivit un véritable moment de magie musicale où le gamin, épaté par la qualité de l'instrument, se prit à s'éclater d'entrée avec le final du Concerto italien de Bach suivi d'un Nocturne de Chopin à faire chialer un bataillon de G.I...
L'Arabesque de Debussy jouée ensuite fut aérienne et la Toccata de Katchaturian en final, fut virile et enlevée, jouée comme aucun des autres candidat(e)s ne l'avaient comprise.
Bon, c'est pas parce que c'est "le mien", comme disent les mamans, mais j'étais très fier de Manuel, c'est son prénom, qui est musicien sans se prendre la tête, sans frime, simplement "musicien", quoi.
Une anecdote : dans la salle de répétition où les candidats peuvent "répéter", je surpris l'ado et le copain venu le "supporter", partitions étalées sur le pupitre, déchiffrant ou rejouant "pour s'amuser" des morceaux appris antérieurement.
Par moments, ces élèves sont des cadeaux.
Nota : l'épreuve d'hier n'était qu'éliminatoire (d'autres ont eu lieu dans d'autres grandes villes) et nous étions tellement "portés" qu'il fut convenu d'un commun accord que le résultat importait peu.
2 commentaires:
Arrivé dans la maison dans laquelle je passe mes vacances, à l'autre bout du monde, je me suis rendu compte que j'avais oublié mon sac de voyage à l'aéroport. Il ne me restait donc plus que mes partitions, un piano et un ordinateur pour occuper mes soirées. Un soir, j'ai décidé d'aller faire un petit tour sur le blog de mon professeur de piano où je n'étais pas allé depuis six mois.
Il est vrai que, habituellement, les blogs m'ennuient, je les trouvent lassants, ils se ressemblent tous, et le langage SMS employés sur ceux-ci me fatigue. Mais j'ai été très intéressé par celui-ci. Ce petit tour a duré trois heure, arrêté par la fatigue due au décalage horaire. J'ai été épaté par le nombre d'article et par le choix des vidéos, citations, ... Combien de temps passes-tu sur internet ?
En tous cas, désormais, je vais tous les jours sur ce blog, attendant les articles qui affluent chaques jours.
D'autre part, la surprise, en lisant cet article, de nous voir qualifier, Manuel et moi de cadeaux m'a réellement touché. Je tiens vraiment a te remercier pour tous ce que tu m'a apporté, parce que si je n'avais pas eu la chance de te rencontrer, j'aurais déjà arrêté le piano depuis longtemps.
Merci
à Léonard:merci pour ce message venu d'outre Atlantique.
Désolé pour ton sac oublié.
Tu as un piano, c'est l'essentiel.
A bientôt.
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