Dans sa chronique du Nouvel Observateur (semaine en cours) l'indispensable Jacques Julliard dénonce l'irrésistible affaiblissement de la langue française, le mauvais exemple donné aux jeunes générations par ceux qui font profession de s'exprimer au premier rang desquels journalistes de tous médias et publicitaires sans vergogne désireux de "parler jeune" pour atteindre ce qu'ils appellent leur "coeur de cible".
L'introduction toujours croissantes d'anglicismes là où notre langue nous offre un mot pour désigner précisément chaque chose, le détournement du sens des mots (il cite "réhabilitation" pour "rénovation" ou "maintenance" pour "entretien") sont autant de signes inquiétants quant au devenir de notre patrimoine culturel, ce qui fait cette "identité nationale" dévoyée par les représentants du plus vulgaire des pouvoirs ayant jamais exercé.
Là où l'action de ce pauvre Kouchner est un bide épouvantable, on se dit que ce ministre eût pu laisser au moins quelque trace en oeuvrant pour notre rayonnement culturel à travers le monde : l'échec du pseudo-ministre des affaires est patent en tous domaines; il n'a plus qu'à se retirer la queue basse, coupable lui aussi de n'avoir rien fait pour freiner ce délitement de notre expression la plus noble, cette "capitulation" nous dit Julliard.
Sur "facebook" où j'essaie quotidiennement de semer quelques graines, je lis, effondré, les "statuts" rédigés en anglais par les "amis" et, souvent, à mon grand chagrin, par des amis tout court.
Je suis d'accord avec Julliard quand il dénonce la manipulation exercée par le capitalisme mondial sur les esprits les plus malléables; je le cite : "Regardez bien ceux qui prêchent la conversion de l'Europe au "global english" : ce sont pour la plupart des propagandistes de l'économie libérale débridée et cynique".
Les gens de télé sont également pourfendus par le grande éditorialiste, qui participent au premier chef à la mise à mort d'une langue "humilée, ridiculisée, violée, réduite à l'état de petit nègre !" toujours selon Julliard que j'approuve.
On s'émeut à juste titre des " tu c koi , je t'm" de nos ados : ils ne sont que les victimes de salopards collabos qui les ont devancés, participant, influençant, provoquant ce recul.
Irrémédiable ?
2 commentaires:
C'est un problème complexe... Pour bien écrire il faut lire. Et pour lire, il faut y être poussé. On retombe sur les inégalités de capital social et culturel initiales. Et même lire, il faut savoir le faire. Les élèves des collèges ne savent plus lire. Comment peuvent-ils alors savoir écrire ?
Pour bien écrire, il faut aussi maitriser la grammaire. Ce qui implique là aussi de lire mais bêtement de faire des dictées. Plein de dictées. Tout le monde n'a pas des parents assez patients et autoritaires qui forcent à faire des dictées tous les jours durant un été. Méthode simple et efficace qui procure une orthographe quasi parfaite pour le reste de la vie. Orthographe qui est une clé inestimable pour réussir.
Pour lire un style absolument somptueux, j'en reviens toujours à Mademoiselle de Maupin de Gautier. Mon livre pour l'île déserte !
@kynseker : les parents sans doute, dans la mesure de leurs possibilités; mais les coupables sont les "prescripteurs de tout acabit.
Je parle ici du vocabulaire plus que de l'orthographe.
Donner l'envie de lire est une mission sacrée.
"Mademoiselle de Maupin", oui !
Décidément...
Enregistrer un commentaire