Ce n'est pas un soir de "première" comme les autres.
Dans la salle de "L'Européen" pleine à craquer, à part Laurent Ruquier (normal, c'est lui qui produit), pas de "people" : il doit y avoir une petite dizaine d'invités à tout casser, dont Jean-Jacques Vanier et nous, ce qui, en des temps où les spectacles doivent faire, au moins les premiers soirs, du "remplissage", est tout à fait remarquable.
Le phénomène est en train de se répandre à la vitesse grand V : un humoriste "différent" est né.
On sent dès les premières minutes, lors de l'entrée du showman (il va adorer le terme !) par la salle, que l'assistance est composée d'un public déjà gagné à la cause, et, pour la plus grande part, de spectateurs venus découvrir le phénomène.
En plusieurs mois, de festivals en scènes de dimensions croissantes, Gaspard Proust a acquis la maîtrise d'un vrai professionnel de la scène, étoffant sans cesse son "tour" de nouvelles pensées (il est en mode cogitation 24h sur 24), trouvant l'émulsion qui fait les sauces réussies, de celles que l'on fait monter savamment en prenant son temps, soit, ce soir, pendant une bonne heure et demie.
Son public, Proust (c'est un pseudo) est en train de le trouver : l'ovation qui salue sa sortie en témoigne, car l'intelligence, la férocité, l'acuité du propos ont convaincu ceux qui étaient venus vérifier le pourquoi des louanges à lui adressées par une presse épatée, tous bords confondus.
Il n'a peur de rien, le bougre : Télérama lui tresse récemment une couronne de lauriers ?
Il dézingue l'hebdomadaire ex-catho de gauche avec délectation à plusieurs reprises.
En 90 minutes, l'histrion décoche ses flèches trempées de curare sur tout ce qui fait nos agacements quotidiens, n'hésitant pas à citer ça et là des personnalités dont le spectateur lambda n'a jamais entendu parler, en boulimique de culture (dans le bon sens du terme) qu'il est.
Si le climat qu'il installe, de rires jaunes ou francs, de ferveur souvent, est à ce point unique, c'est que le public, conquis, a le sentiment qu'il assiste à quelque chose de grand, et, inconsciemment, d'éphémère, car, le connaissant, on ne serait pas surpris que le slovène reparte un jour comme il est venu, sans tapage, vers d'autres horizons, littéraires sans doute.
Pour l'instant, tout lui sourit : un Européen "sold-out" suivi, car il faut (déjà !) prolonger d'une Cigale et d'une longue tournée.
Jusqu'à ce qu'il en ait sa claque et tire sa révérence.
Il est donc nécessaire d'y aller.
Cqfd.
Gaspard Proust
Photo exclusive (c) Sylgazette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire