Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 12 octobre 2010

Automneries

Ce fut un beau dimanche.
Un beau soleil inondait Paris dans un ciel qu'on scrutait en vain pour y voir un nuage.
Temps idéal donc en ce jour de relâche que j'ai mis à profit pour aller, comme chaque année,frotter ma couenne aux Puces du Design sur un Quai de Loire où se pressait une foule disparate mêlant familles en goguettes, simples curieux et collectionneurs avisés.
Le Design connait une vraie vogue depuis quelques années, grâce, sans doute, à la prolifération des magazines de "déco" et aux émissions de télé sur le thème.
On trouve ici à boire et à manger : des pièces réellement estampillées "grands créateurs" et de la récupération d'objets improbables sortis de nos studios des 70's : si l'époque fut formidable, les décos en furent immondes le plus souvent, en métal chromé et matières plastiques d'un orange-Fanta (car le Fanta était orange-vif en ce temps-là) d'un goût douteux.
Je me souviens du studio que j'occupais alors à Antibes, que le "minet-tendance" que j'étais avait décoré dans l'esprit du moment; au-dessus du lit en alcôve une reproduction de Vasarely de nature à vous filer des maux de tête, des murs tendus de tissu évidemment... orange, des chauffeuses d'un vert bien vert.
Seule la télé Sony Trinitron en bois pourrait survivre aujourd'hui à cette petite boutique des horreurs avec, peut-être les chaises scandinaves dont je me suis bêtement débarrassé il y a longtemps : elles atteignaient hier après-midi des sommes qu'elles ne valaient certes pas.
Car il est amusant et pathétique à la fois de constater que les jeunes gens qui repartent avec une suspension en verre et chrome ou un téléphone gris-beurk à cadran, tout heureux de leur prétendue trouvaille, sont des gogos auxquels on a refilé les rebuts de nos poubelles d'antan !
Les plus beaux objets, ceux qui pourraient déclencher mon désir, sont vendus à un tel prix qu'on ne peut que les fantasmer.
Il y avait donc un monde fou aux terrasses en bord de canal, non loin du métro Jaurès, en ces lieux qui font les délices dominicaux des parisiens (oh, je vous vois venir, "bobos" si ça vous arrange !).

Les deux multi-salles MK2 qui se font face de part et d'autre du cours d'eau attiraient la grande foule : la programmation y est toujours intéressante, le café du MK2 Quai de Seine très fréquentable et, en face, on peut se procurer des bouquins et des DVD d'exception, dont quelques imports à faire saliver tout rat de cinémathèque qui se respecte.
Je dus pour ma part renoncer à quelque emplette, hier, reculant devant la file d'attente à la caisse pour ne pas manquer la séance qui devait clore ce bel après-midi.

Je vis "Kaboom" de Greg Araki qui ne fit que répondre à ce que j'en attendais, à ce que j'en espérais pas plus tard qu'hier dans l'article consacré ici aux "Amours Imaginaires" de Xavier Dolan.
Ayant eu à fréquenter le cinéma d'Araki, de Doom Generation (film "culte" des jeunes gens des années 90) à "Nowhere", je retrouvai l'univers de ce cinéaste quelque peu en marge dans ce film qui démarre comme une pochade pour ados dessalés et glisse ensuite vers le fantastique en un savant "n'importe quoi" en trompe-l'oeil.
Ce n'est certes pas à la hauteur de son précédent "Mysterious Skin" qui traite d'un sujet difficile avec maestria, mais cet Araki-là procure une vraie jubilation : à la différence du film de Dolan, on entre en empathie avec ces étudiants vaguement "disjonctés" qui nous font penser aux ados de "Skins" ou à ceux des "Lois de l'attraction".
C'était idéal en point final d'un après-midi dominical.

Le soir, j'ai revu "Préparez vos mouchoirs" de Bertrand Blier avec le tandem Depardieu/Dewaere, Michel Serrault et Carole Laure : le cinéma français ne nous donne plus de films aussi gonflés.
Question d'époque, mon petit.

"Kaboom" : jubilatoire.

"Préparez vos mouchoirs" : libertaire et gonflé !

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