Je me souviens,
Je me souviens,
Tes longues mains,
Tes longues mains...
Être bon,
Être bien,
Être soi, être rien
Mais pas n'importe quoi.
Une charpie de chapka...
Ces mots qui ne veulent
Plus rien dire
Ou qui disent
Le contraire
De ce qu'ils voulaient dire...
Tout ça, Maintenant, c'est là,
Comme une charpie de chapka...
Et je me souviens de toi...
Se souvenir d'où l'on vient,
Ne pas donner raison aux chiens,
Ne pas devenir n'importe quoi,
Pas une charpie de chapka...
Un soleil qui nous désaltère,
L'eau pure qui chauffe nos artères,
Vouloir un peu de mieux sur terre
Comme tu le voulais là-bas...
Loin des charpies de chapka...
Je me souviens...
Tes longues mains.
Artiste pauvre
Passé sur terre,
Tu voulais le bien
De tes frères...
Une seul famille
Un seul destin
Et le bonheur
Au quotidien...
Ces rêves, maintenant, ne sont plus là.
Ils sont tous partis avec toi...
Comme les empires croulent soudain,
Comme les rêves se désespèrent
Devant le mal, devant le froid...
Comme une charpie de chapka...
C'est l'un des derniers textes écrit par Etienne Roda-Gil pour le chanteur-compositeur Julien Clerc.
La chanson est sous-titrée "Chanson pour mon grand-père", le texte évoquant l'engagement communiste d'une vie puis l'arrivée des désillusions et la chute du régime soviétique.
Elle date de 1992 et figure sur le bel album "Utile" qui n'est pas futile.
Futile, soyons-le pour noter l'épidémie de chapkas, justement, qui s'est emparée des jeunes têtes ces jours-ci.
Je ne suis pas assez branché "box-office" ou "fashion" pour en connaître l'origine : quel top-model, quel rappeur, a lancé cette "tendance" de meilleur aloi, à mon sens, que la profusion de hideux bonnets péruviens qui défigurèrent notre jeunesse les années précédentes : il fallait bénéficier d'un profil grec sans défaut pour y survivre.
Je possède une chapka depuis quelques mois, et de la voir ressurgir en nombre, et notamment au sommet de "jeunes" de toutes couleurs fait de moi, j'en souris, un précurseur.
Je n'ai, par contre, pas vu d'étoile rouge en pin's sur le devant de ces couvre-chefs.
Dommage : cela aurait permis quelques conversations sur l'engagement et/ou la conscience politiques, l'histoire, et l'effondrement de l'empire de Lénine.
1 commentaire:
Je pense que c'est un des plus beaux textes de Roda-Gil écrit pour cet album "Utile". Il y a cette phrase magnifique:
Ces mots qui ne veulent plus rien dire
Ou qui disent le contraire
De ce qu'ils voulaient dire...
Malheureusement, je trouve que Julien Clerc ne la sort pas assez souvent en scène. C'est un mélange entre le grand-père de Julien Clerc (communiste) et les parents libertaires d'Étienne Roda-Gil. Ce dernier a habillé Julien Clerc comme aucun autre parolier n'a réussi à le faire, JL Dabadie s'en est le moins mal tiré. C'est franchement pour moi le dernier grand album de Julien Clerc ...
Enregistrer un commentaire