Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)
vendredi 14 septembre 2007
Sous vos applaudissements.
Evidemment, les plus jeunes générations garderont de lui l'image de l'animateur-gâteau de "L'école des fans".
C'est regarder "par le petit bout de la lorgnette" la carrière d'un grand homme de télé qui se signala dès la fin des années 60 par ces émissions au ton nouveau qu'il anima avec son compère Jean Yanne (leurs deux noms furent longtemps indissociables).
Sous Giscard, il invente la plus impertinente des émissions : "Le petit rapporteur" devient le rendez-vous incontournable de nos dimanche, une heure d'irrévérence, une soupape dans un état qui hésite entre libéralisme et répression policière.
Martin a le "nez" de s'entourer d'une équipe de personnalités nouvelles, souvent issues de la presse écrite.
Il a le mérite, entre autres, de révéler au public quelqu'un qu'on n'a toujours pas fini de regretter : Pierre Desproges.
Bien sûr, Jacques Martin, de par son talent, son bâgout, finit par règner en maître sur les dimanche de la France des années 80 : il "ratisse large" grâce à un réel sens de l'humour, une culture impressionnante de la part d'un homme de télé, des talents variés, notamment une voix pas dégueu.
Ce faisant, l'âge venant et ce que l'on appelle la "matûrité", il arrondit les angles en même temps que sa silhouette, devenant plus "consensuel".
Dans ses variétés du dimanche soir, il a au moins le mérite d'exiger qu'aucun artiste ne se produise en play-back, impose donc un grand orchestre, met en présence des artistes de tous horizons : un soir, invité-surprise planqué en coulisses, Mouloudji, ce très cher Moulou, entend Claude François dire tout le bien qu'il pense de ce chanteur catalogué "rive gauche", décrétant que "Comme un p'tit coquelicot" est une immense chanson et, à la surprise des fans hystériques, chanter sans erreur ce classique de la chanson française.
Pas dupe des engouements du moment imposés par la promo, il accueille certaines fausses gloires avec une bonne dose d'ironie, sachant que le "tube" du jour s'oublie aux premières feuilles mortes.
On sent qu'il honnit la médiocrité en grand professionnel qu'il est et n'hésite pas à "glisser" toujours, dans la programmation de ses "prime time" un grand interprète de musique classique.
Jacques Martin est déjà mort depuis longtemps sans doute : foudroyé par une attaque cérébrale il y a dix ans qui le laissa paralysé, il n'aura pu assister à la victoire de la télé-fric et, inhérente, à l'accession au pouvoir de celui qui, en sa mairie de Neuilly, avait célébré son mariage avec Cécilia Ciganer-Albeniz.
Salut, l'artiste.
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