Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 23 septembre 2007

L'irrésistible ascension de Daniel Hamidou.

DanyBoon : un prélude de Bach travaillé ensemble.

J'ai regardé la télévision hier soir en rentrant du théâtre.
La qualité de l'émission -très- nocturne de Laurent Ruquier, bien nommée "On est pas couché", est proportionnelle à celle de ses invités, c'est la loi du genre dit "talk show".
Le seul bon moment récurrent de celui-ci, c'est la séquence du "médiateur" où Jean Luc Lemoine, un garçon dont j'apprécie la plume depuis fort longtemps, décrypte l'émission précédente, maniant la mauvaise foi avec une virtuosité admirable.
Je ne fus pas étonné, tout dernièrement, d'entendre l'un de mes jeunes "disciples" plutôt vif d'esprit me dire tout le bien qu'il pensait d'une séquence qui mérite qu'on subisse, pour y parvenir, des invités en promo présentant plus ou moins d'intérêt.

Hier soir, parmi les invités, dont un Thierry Frémont et un Patrick Besson égarés, on retrouvait Arthur et Dany Boon en promotion du "Dîner de cons" à l'affiche d'un théâtre parisien ; et l'on se disait "ça, s'est fait !", imaginant sans effort que le tandem serait à l'affiche de toutes les "télés" dans les jours suivants.
Le théâtre privé parisien est tombé bien bas qui ne sait, à quelques rares exceptions près, que reprendre les succès assurés ou adapter à la scène les films de cinéma qui ont fait recette, affichant au fronton de leurs salles des pipoles "vus à la télé" pour attirer le chaland.

Il se trouve que j'ai bien connu Dany en des périodes où les vaches étaient plus maigres, lui donnant quelques cours de piano, instrument pour lequel, comme ailleurs, il a de véritables... facilités.
En outre, c'est lui qui mit en scène le spectacle des "Voilà" au Café de la Gare, et le fit avec beaucoup de talent voire un peu plus avant de se brouiller avec la troupe pour une obscure raison de droits, et donc de fric.
Dès le départ, il était facile de déceler chez ce garçon une formidable envie de réussite à tous niveaux, en gestionnaire avisé de sa propre carrière.
Je fus notamment le témoin involontaire d'une conversation téléphonique avec des avocats, à une époque où la marque "Danyboon" n'était pas de consommation courante, qui me laissa subjugué et pantois à la fois.
Rien dans la suite des évènements ne me surprit, puisque tout me semblait organisé, planifié dès le départ.
Le personnage m'apparut de la même trempe que celle de mon idole de jeunesse, Claude François, y compris au niveau du comportement à densité variable selon la position de l'interlocuteur dans le métier : ainsi, des "techniques" qui avaient osé émettre critique lors d'un spectacle plus ou moins réussi furent impitoyablement balayés.
Le formidable tempérament comique de l'artiste, même géré aujourd'hui métronomiquement, s'accompagnait donc d'une science du "showbiz", d'une hargne à "gagner", ou à "parvenir" diraient certains.
Il n'est pas surprenant de retrouver Arthur sur la même affiche, tant les deux personnalités semblent s'accorder : comme Arthur, Boon veut "apprendre", "se cultiver", s'élever.
Arthur me rappelle un sketch joué dans les années 80 par Guy Bedos où un riche parvenu contemple sa bibliothèque, disant que Balzac, c'est vachement bien car ça fait 2 mètres 50 !
Dany, lui, pourrait expliquer son envie de "gagne" par ses origines fort modestes de petit ch'ti venu à Paris pour en sortir, ce qu'il a fait avec brio, appliquant à la lettre le nouveau précepte "travailler plus pour gagner plus", ce qui permet de comprendre mieux la déférence affichée, hier soir, par le duo, à l'égard du nouvel empereur des français.
On me dira que je vois de la politique partout : elles est partout, et là encore plus qu'ailleurs, puisqu'elle procède, selon le côté où l'on se positionne, d'une conception de la société et de sa propre vie.
Amusante anecdote : allant le saluer au foyer de l'Olympia lors de son récent spectacle "ch'ti" (la loge n'étant plus réservée maintenant qu'aux nouveaux amis), je fus accueilli d'un "Comment vas-tu Sylvain (sic)" qui me laissa coi.
Quelques temps plus tard, le sollicitant pour le 10è anniversaire de l'école dont il est le parrain (mais il a oublié), je lui demandais quelques mots manuscrits pour le programme qu'il me promit mais que je n'obtins jamais alors que j'eus droit à un coup de fil du Maire de Paris.
Mais Dany, lui, a réussi, et c'est là l'essentiel.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout ce qui est dit est vrai, la seule chose qui m'interroge c'est la motivation...Est-ce une déception “amoureuse“ toute légitime dans ce genre d'aventure exceptionnelle, où ceux du départ sont rarement ceux de l'arrivée, où en tout cas pas tous. Donc les heureux élus deviennent alors des inconditionnels récompensés de leur fidélité et les autres passent à la trappe et sont tout à fait justement peinés de ce qui leur arrive...C'est terrible c'est un injuste mais c'est la vie...Sur la durée d'une carrière et finalement d'une vie, sommes-nous tous fidèles à TOUS ceux qu'on a aimé un jour ou croisé toujours !?...C'est impossible...Aprés c'est vrai y a sûrement des façons de faire, mais c'est de l'éducation et tout le monde n'en a pas forcément et puis on peut se dire aussi que Erae Humanum est aussi...
Par contre si la réaction est politique là je suis évidemment totalement d'accord, ca pue la fascination du pouvoir...Mais en même temps tu l'as dit toi-même Sylvain, pardon Sylvian, pour réussir à ce niveau y a pas de secret, IL FAUT VOULOIR LE POUVOIR, SINON C'EST UN AUTRE QUI LE PREND...Et pour ces mecs-là, c'est l'affaire de leur vie...Alors ils se reconnaissent entre-eux..

Ceçi expliquant peut-être cela...

Un futur ex fidèle ami peut-être...De gauche!

Emile Le Bozec
Et vive la Breihz touch !!!!!!!

Silvano a dit…

Cher Emile Le Bozec,
merci de me faire l'honneur d'un commentaire.
Nous sommes apparemment en phase, hormis la "déception amoureuse", réelle mais toute relative.
Votre réponse brillamment argumentée me remplit d'aise et j'irai dès que possible en forêt de Broceliande entonner un hymne nocturne en votre honneur.

Anonyme a dit…

Il me semble, chers amis, qu'il est juste question de "noblesse de coeur". Est-ce question d'éducation, de milieu social, de tempérament ? Je n'en suis pas sûre.... Et comme, en Jeanne d'Arc des valeurs que je suis, je tiens en haute estime la fidélité en toute circonstance ( fidélité à son milieu, à sa famille, à ses amis, à ses convictions politiques etc... ) je vais vous conter une anecdote qui a de quoi mettre du baume au coeur...
Un après midi d'avril 2..., me voici dans une station service d'autoroute, près de Cognac, le visage ravagé, pas jolie, pas maquillée, pas apprêtée, à quelque heures d'avoir enterré un cousin qui avait cru bon d'embrasser un cerisier en voiture. Avec à mon sein droit mon fils encore nourrisson. La misère, vous dis-je !
Un bus se gare sur le parking et en sortent moult gens de couleurs et joggings divers sur Nike resplendissantes, et tout ce beau monde envahi avec bruit et fracas la station service. Moi j'allaite et je pleure, en regardant par la vitre qui sépare le petit salon des mamans du rayon revues porno-friandises-produits du terroir.... Et je croise un visage qui s'éclaire, qui sourit, et sous le visage un corps chétif qui vient vers moi, m'embrasse, me demande de mes nouvelles, me complimente sur mon bébé et autre joyeusetés courtoises.... je n'ai pas vu ce garçon depuis des années, je n'ai même pas été proche de lui sauf à le tenir dans mes bras lors d'un match d'improvisation....
En tournée avec sa bande, plus tard envahi par les demandes d'autographes dans le magasin, c'était Jamel Debouze.
Sans commentaire n'est-ce pas ? Oh si, un seul : la classe !

Et il n'est pas question là de milieu ou je ne sais quoi d'autre n'est-ce pas ?

Il ne faut jamais oublier d'où l'on vient. Je suis d'accord. Ni, disait mon père, brûler nos anciennes idoles. Tout compte. Non ?

Et pour répondre à Émile le Bozec, il ne doit pas être si sorcier, pour peu qu'on aie la sagesse d'y penser, d'acquérir le pouvoir en gardant son humanité.

Lorna

Silvano a dit…

à Lorna : j'ai eu la joie aussi de m'entendre interpeler, un jour d'été, par Jamel alors que je passais devant le Mc Do ou le Quick, je ne sais plus, proche du jardin du Luxembourg.
Embrassades, courte conversation, car j'étais très pressé : j'ose espèrer qu'il n'a pas pensé que le snobais !

Anonyme a dit…

l'autre jour, je me promenais près des Champs Elysées.
Et je croise Pierre Palmade, que j'ai connu il y a quelques années sur le plateau de "La Classe", justement !
J'étais dans mes pensées et je ne l'avais pas reconnu!
Il me dit Claude, tu as changé de look, ça te va bien.
Et tes cheveux, tu as changé de coupe, je te préfère comme ça.
Et t'as un peu grossi, c'est bien, ça te change mais c'est bien.
T'as changé ton regard aussi , tu ne mets plus de lunettes, c'est des verres de contact.
Je lui dis " Pierre, tu te trompes, que je ne suis pas Claude...je m'appelle Paul !"
Il me dit : "Oh t'as changé de prénom aussi, c'est super, ça te va mieux!"
Et si ça se trouve, c'était même pas moi !
Bises à toi Sylvio :-)