Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
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"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)
lundi 24 septembre 2007
Quand j'étais chanteur -Episode 6 : Faire des choix !
Au milieu des années 70, Julien Clerc puis Lavilliers succédèrent à Cloclo sur le plateau de mon tourne-disques.
L'envie d'écrire "pour les autres" m'abandonnait peu à peu et je m'apercevais, de plus, que les chansons que je produisais étaient de plus en plus personnelles.
Mais Claude François ne pouvait (ne voulait ?) disparaitre totalement de mon univers : en 1973, je rencontrai une antiboise, Catherine, qui bossait pour l'idole à Paris où elle avait la fonction de chargée de promotion radios chez"Flèche".
Bernard Vadon et moi lui fîmes écouter "La faute à personne", écrite en même temps que "Passe le manège" (voir épisode 5) sans lui dire que je m'étais amusé à faire une maquette sommaire où j'imitais la voix du chanteur.
Dès les premières mesures, Catherine nous affirma que la chanson semblait écrite pour lui (ben, tiens !) : balade cadencée, phrases brèves, "modernes", modulation en pont se conjuguaient pour en faire un "titre" ad-hoc.
Aussitôt, notre amie (on avait fréquenté le même lycée) nous arrangeait un rendez-vous parisien chez Flèche avec Nicole Damy, en charge de l'édition et (doit y avoir prescription) petite amie de Jean Pierre Bourtayre, compositeur attitré de l'idole.
Nous nous envolâmes pour Paris (en Caravelle) et, mort de trouille, je chantais la chanson à une femme très "show-bizz" de l'époque, sûre d'elle, en position de force, qui nous dit qu'effectivement la chanson "tenait la route" mais que, euh, bon, faudrait voir avec "Claude" qui cherchait un titre "dans la couleur".
Trois jours plus tard tombait le "verdict" : "Claude" avait (ou pas !?) écouté , trouvait la musique super (yeeeeeeeees, dirait-on aujourd'hui !) mais émettait de grosses réserves sur le texte.
Pour co-signer ?
Sans doute : la pratique était courante alors dans le métier.
Mine déconfite de l'auteur devant lequel je proteste, héroïque (avec un "merde !" in-petto) : "ah non, cette chanson, on l'a écrite ensemble , il est hors de question que l'on touche une virgule du texte !"
Bernard, qui vit dans l'aisance, est très content.
Moi aussi sur le plan chevaleresque, mais une petite voix me souffle que quand même, être aussi intransigeant avec des gens qui peuvent vous sortir de la mouise, c'est un peu suicidaire.
Les parties se quittent donc sur un réciproque "la balle est dans votre camp" jusqu'à ce jour où, alors que depuis longtemps je n'écris plus en tandem, Catherine me dit : "Tu sais, ta chanson est toujours dans les cartons de "Claude" qui a même fait une maquette en langue "chewing gum", c'est encore jouable".
Ca l'est, oui, mais trois ans ont passé et nous sommes en décembre 77.
Vous connaissez la suite.
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