Je jouais ce disque dans une boîte interlope de Juan-les-Pins qui s'appelait "Le Senso" (la direction aimait Visconti !) : je faisais office de "disquaire" et de "bras droit", ayant de l'entregent dans la station.
Ainsi, j'y organisai des soirées loufoques qui attiraient une foule hétérogène : vedettes de la chanson (Hervé Vilard, Carlos, Nicoletta, Billy Preston...), millionnaires étrangers en goguette, petits voyous, gigolos, "folles" de Cannes et de Nice : il se disait dans la région -ma modestie dut-elle en souffrir- qu'on y jouait la meilleure musique.
J'avais de drôles d'idées : pour la "nuit des bébés", nous distribuions des tétines et les alcools étaient servis dans des biberons !
Pour la "nuit de la rose", plus poétiquement, un ami horticulteur avait offert des centaines de fleurs odorantes.
Je jouais sur un antique piano à chandeliers au cours de spectacles improbables qui mettaient le public en joie : une "artiste" niçoise sans âge -je n'ai jamais vu spectacle plus pitoyable- récoltait à chaque prestation une moisson de glaçons lancés sur la piste par les clients au bord des larmes... de rire.
On finissait à l'aube, très imbibés, et terminions la nuit sur le marché de Cannes autour d'une daube et de ses raviolis.
Et dire que certains croient qu'on n'a qu'une vie...
1 commentaire:
tu nous parles d'un temps ... !! ;)
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