Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 20 décembre 2011

Le pianiste de Varsovie et le chanteur toulonnais

De toutes les chansons de Gilbert Bécaud, c'est l'une de celles qui me touchent le plus, on comprend pourquoi.
Il s'agit ici, sans doute, d'un Olympia des années 80. Bécaud joue sur un piano modifié à son intention : on en a raccourci le pied, à l'avant, pour lui permettre de chanter face au public en s'accompagnant ; c'est un problème de nerf sciatique qui l'avait conduit à trouver cette astuce.
La chanson date des années 50. Sans être l'un de ses grands "tubes", elle était l'une de ses préférées et son public la réclamait ; sa construction, d'un genre nouveau à l'époque, ne fait pas de concession à l'alternance convenue couplet+refrain+couplet+refrain etc. Elle nous raconte une histoire, en véritable saynète : une grande chanson !
Je crois, si mon oreille ne me trompe, que c'est la version Rubinstein de la Grand Polonaise Héroïque qu'on entend, dans le lointain, à la fin de la chanson.



Dimanche soir, et en avance sur l'horaire prévu (bravo France 3 !), la télé rendait hommage au grand compositeur-interprète après un silence assourdissant de plusieurs années !
Le documentaire de Marie-France Brière était fort honnête, non hagiographique, où l'on put entendre des témoignages qui ne cherchaient à encenser à tout prix l'ex "première idole" : ainsi, on comprenait mieux le départ de Bertrand de Labbey, le découvreur de Julien Clerc, des éditions du "Rideau Rouge" et Charles Aznavour, le "rival" et ami (un temps) faisait une description sans concession de l'homme Bécaud, où perçait un parfum de vieilles rancœurs ineffaçables (fallait-il aller jusque là ?). Il y eut aussi des bêtises : ainsi, je ne sais plus qui a dit "c'était le premier punk" (!)
Julien Clerc fut très juste, honnête, nous disant combien l'observation, à maintes reprises, du tour de chant de Bécaud depuis les coulisses de l'Olympia, fut pour lui "Master Class".
On aborda aussi sans fioritures la dernière partie de la carrière du chanteur, où, en proie au doute, et vraisemblablement mal conseillé, Bécaud tomba subitement en panne d'inspiration, sa dernière "grande" chanson étant, à mon avis, "C'est en septembre" qu'enregistra également Neil Diamond.
Il y eut ensuite, et là-dessus Aznavour a raison, un désir de faire "actuel" pour rester "dans le coup" qui demeura infructueux, si ce n'est un dernier semi-succès, "Désirée", (adaptation française d'un hit... allemand !) au texte pathétique  à des années-lumière des poèmes chantés signés Amade, Vidalin, Delanoë ou... Aznavour.
Exemple ci-dessus...

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