Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 2 décembre 2011

Vieillir, oui, mais pas n'importe comment

Hier soir, dans le métro, j'ai croisé trois jeunes rebelles, deux garçons et une fille ; de leurs pulls dépassaient des sweats d'une jolie couleur orangée.
J'ai vite compris qu'ils sortaient d'une réunion du Modem.
Il y eut un moment très fort : l'un des garçons a dit à l'autre "t'es ouf ?!" ; la fille a balayé le voisinage du regard, très gênée, pour réprimander vertement son camarade : "Tu veux dire : tu es fou, quoi !".
Ces jeunes gens semblaient passionnants.
C'est ouf, me dis-je, d'avoir 20 ans à vue d’œil, et d'adopter une telle attitude politique : centriste !
Pendant que les "indignés" américains se prennent des gaz paralysants en pleine poire, il y a de jeunes français pour mener un combat aux côtés d'un gourou charismatique du nom de François Bayrou !
La crise fait des ravages, plein de jeunes crèvent la dalle, y compris des étudiants obligés d'avoir recours aux associations caritatives pour subsister avec un minimum de dignité, le chômage devient endémique, des millions de citoyens ne peuvent se soigner, d'autres, salariés, dorment dans leur voiture, il y a de plus en plus de jeunes SDF, les restos de Coluche affichent complet,  et l'idéal de ces charmantes jeunes personnes, c'est le... centrisme !
Cette fascination pour le béarnais me laisse pantois.
Vraiment, y'a plus de Pyrénées.

 Et on même eu des ballons oranges !

Bien avant que le livret de Stéphane Hessel ne connaisse le succès que l'on sait, bien avant que la jeunesse -pas la "centriste", hein !- ne manifeste un peu partout, je disais à ceux qui me trouvent "plus jeune que mon âge" (si, il y en a !) que je devais ma vitalité au fait que ma capacité d'indignation est intacte.
En jetant un regard circulaire, je m'aperçois que beaucoup de relations d'enfance et de jeunesse, très "à gauche" en leur temps, ont fini par baisser les bras ; mon indignation est une réponse à leur résignation.
Je connais cependant les limites que m'imposent mon mode de vie, mes activités : on peut donc me rétorquer qu'il est facile de s'indigner quand on n'agit pas ; ce n'est pas faux, mais il y a de multiples façons d'agir : en faisant fonction d'humoriste-poil à gratter, par exemple, ou bien en transmettant à autrui, en faisant ce que l'on appelait autrefois en terrains gauchistes de "l'agit-prop".
En convertissant de jeunes centristes ?
En votant, aussi, mon ami.
En gueulant.
En n'admettant pas l'inadmissible.
En combattant sans relâche, par tout moyen à sa disposition, la trouille, les lâchetés ordinaires, la peur du lendemain, le repli sur soi, la petitesse qui rime avec bassesse, la bêtise, l'ignorance, que les politiques sans vergogne exploitent.
S'insurger et dire pourquoi, expliquer sans trêve, expliquer encore que les "amis du peuple" (le FN fait un carton, nous dit-on dans ce qui reste de la classe ouvrière) sont son pire ennemi, aider les gens de bonne volonté (il y en a) à améliorer le sort de leurs concitoyens, c'est un devoir.

A part ça, hier,toujours dans le métro, sur la ligne 8 précisément, j'ai compté autour de moi 5 personnes lisant un vrai livre.
Ça m'a rasséréné pour un petit moment.

Illustration en haut à gauche : la révolution orange est en marche.

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