Par les temps qui courent si vite les hommes n'ont que l'été à la bouche, de soleil ardent, de peaux violentées par les u.v. en cauchemars de dermatologues, de remugles de monoï, de terres étrangères foulées sans un regard pour l'indigène, de vins rosés sans âme, de promiscuités...
L'obsession du soleil entretenue par la publicité polluante des lucarnes sans vision est telle que nos tribus civilisées voudraient programmer climats et saisons.
Je ne nie pas, loin de là, les bienfaits de la lumière naturelle, essentielle pour les êtres vivants et les plantes, bénéfique pour nos métabolismes stressés.
Elle règne aujourd'hui sur Paris dans une fraîcheur qui incite à la promenade qu'on va trouver le temps de faire car il faut toujours trouver du temps pour tout.
Il faudra, ne serait-ce qu'une petite heure, marcher le nez au vent, regarder la couleur du temps, feuilles roussies avant la chute, rosée persistante sur les fleurs des jardins publics juste à côté, à deux pas, que le citadin côtoie sans jamais y pénétrer.
L'automne si souvent dénaturé (ah, l'automne de la vie !), c'est aussi la saison de la bonne chère, des champignons en fricassées, des gibiers, du lièvre à la royale qu'on ira déguster là-bas, en vieux Paris immuable, avec un ami hédoniste, artiste, jouisseur de la vie, taciturne parfois qu'un bon vin rend aimable à l'extrême.
L'avantage de cette grisaille parisienne -bien moindre que ce que certains dénoncent- c'est que lui succèdent des jours comme celui-ci qui effacent l'humeur maussade de la veille, cette petite colère d'être éloigné d'êtres chers, aggravée par le sevrage tabagique, cette lutte dont on sait les effets salvateurs.
Et s'il pleut demain, avant de s'engouffrer dans les entrailles de la capitale pour y porter cette bonne humeur jamais feinte née du plaisir de "jouer", on allumera grand les lumières, on fera résonner dans la maison de la musique salvatrice, du Brahms, tiens, en bel automne serein ; on sera excessivement sensible, on aura envie de pleurer peut-être, on sera vivant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire