Sa voix-loukoum fond dans l'oreille en friandise, elle s'insinue en vous telles ces chansons d'autrefois qui éveillent des souvenirs de douce France d'autrefois.
L'autre soir, dans la lucarne, sirotant une infusion de verveine adaptée aux circonstances, affalé sur mon canapé, jouissant encore des vivats récoltés, des mercis émanant d'une foule aux yeux embués de gratitude, des assauts de groupies voraces lacérant ma chemise de scène de bonne facture (je fais confiance aux jeunes créateurs), je me coulais avec volupté dans le discours tour à tout douceâtre et virulent (car Villepin vilipende très bien aussi) de cet homme si bien de sa personne; tout juste si je ne déplorais que la production n'ait pas songé à installer un ventilateur pour que frémisse la belle chevelure argentée de l'ex-premier ministre (au fait, c'était quand, oubliais-je ?).
Face à lui, de redoutable bretteurs médiatiques, et non des moindres -Onfray, Guillon, Zemmour, Naulleau)- avaient baissé la garde, eux-aussi sous hypnose.
Ah qu'ils étaient doux ces rêves d'une France unie dans la grandeur, qu'elle était belle cette espérance d'une vie meilleure, sans chômage, sans précarité, sans exclusions, qu'elle était loin cette guerre civile larvée que nous avons tous les jours sous les yeux, lourde du poids des communautarismes encouragés de là-haut par le potentat qui nous dirige depuis ce funeste mois de mai de l'an deux-mille sept.
Le prince savait être drôle aussi, pimentant son propos enjôleur d'anecdotes assassines sur le paltoquet en place au château.
On soupirait d'aise, on souriait, s'esclaffait, conquis.
Quand la bise et l'heure de s'engouffrer sous la couette accueillante furent venues, on se redressait, subitement rappelé à la réalité : mais attends, ce Villepin, se disait-on, ce puissant jamais élu par le peuple, cette éminence grise de Chirac (ah, la dissolution, quel fin politique !), l'auteur du CPE et du bouclier fiscal, mais oui, mais merde, c'est la droite dans toute sa splendeur, le bonapartisme, le libéralisme !
J'étais réveillé avant même de m'endormir, sous l'évidence de ma lucidité retrouvée.
Le lendemain, sur un site destiné à nouer des réseaux sociaux, je lisais des louanges émanant d'admirateurs fervents de Ségolène Royal : "quel bon Ministre des affaires étrangères de Ségolène il ferait".
Si !
J'en eus avalé mon bulletin de vote d'il y a
On revient à la raison, ô idolâtres : Domi, d'accord, t'es hyper talentueux, mais tu te bornes à faire 10% au premier tour pour nous débarrasser de Nico, et après, tu regagnes ton manoir et tu nous oublies, ok ?
Aie confianssssssssssse...
2 commentaires:
Brillant billet et très drôle !
Quant aux 10% de Villepin: pas sûr que ce soient des gens qui votent habituellement à droite... Je connais pas mal de gens (et peut-être moi y compris suivant qui représentera la gauche en 2012) qui sont prêts à voter pour lui, histoire d'avoir un peu de classe et d'élégance dans le débat public.
Et sa dissolution, si a priori elle paraît idiote, elle était en réalité très bien vue d'un point de vue politique. Mais c'est un peu long à expliquer ici.
Ah mais, cette dissolution a produit le meilleur gouvernement de l'ère Chirac !
"histoire d'avoir un peu de classe et d'élégance dans le débat public. "
Ça ne fait pas une politique...
Enregistrer un commentaire