Pour un dîner dominical chez des voisins où chacun devait apporter une contribution gastronomique, je me suis mis en devoir de faire une pissaladière.
J'ai tant écrit sur le sujet -en parcourant la rubrique "bonne chère", vous devriez tomber dessus- qu'il sera inutile d'en faire un fromage, d'autant qu'aucun produit laitier n'entre dans la composition de cette spécialité niçoise que l'on peut ranger, à l'extrême rigueur, dans la famille "pizza".
Pour une pissaladière réussie et conforme aux exigences du pays nissart, il faut de la pâte à pain.
Un ami, dépêché à la boulangerie pour s'en aller quérir le pâton doit faire face à une employée qui le regarde avec des yeux d'anchois frit (car l'anchois, lui, entre dans la composition de cette merveille de l'art culinaire); il me narre que la serveuse se trouve tout d'abord décontenancée devant la demande et ajoute, dans un français impeccable "c'est pour faire quoi ?".
Là, le messager, retors peut-être quand il aurait pu se contenter d'un vague "une pizza !", de lui répondre "une pissaladière !".
La petite dame se tourne alors vers l'arrière-boutique et de sa douce voix annonce : "C'est pour faire une petite saladière !".
Il y a des choses qui vous ensoleillent les dimanches matins.
Nuls
C'est rare, mais j'écoutais hier Radio Classique qui a une très haute estime pour ses auditeurs : un publicité y vante, une fois l'heure, les qualités d'une collection de CD appelée "La Musique classique pour les nuls !".
Mes oreilles ayant la faculté de se refermer un tantinet chaque fois qu'elles perçoivent un message publicitaire, j'ai néanmoins retenu que "La musique classique pour les nuls, c'est facile !".
Tout au long de mon existence j'ai rencontré sur mon chemin des personnes se disant insensibles, ou hermétiques, à la musique d'avant, celle qui dure plusieurs siècles contrairement à l'avant-dernière oeuvre de, mettons, Mireille Mathieu.
Insensibles, on peut l'admettre : l'oreille humaine se façonne de pair avec la matière grise.
Il faut l'habituer.
Il est certes beaucoup plus simple de laisser couler dans le conduit auditif ce qu'y déversent les radios et télés.
Avant que je ne manifeste quelque intérêt pour le piano, personne n'écoutait de musique "classique" à la maison.
C'est vers mes neuf ans que je reçus en cadeau mon premier 33t du genre.
C'était un récital Chopin par Vlado Perlemuter que j'écoute encore parfois : il contient la Fantaisie en Fa mineur, morceau qui a le don de me plonger dans un état de transes inexplicable dont un élève médusé a eu un jour un aperçu.
Pour revenir à nos
Ainsi, l'un de mes amis, à 19 ans, ne connaissait de ce genre de zique (je peux faire moderne, aussi !) que quelques "tubes" : la Symphonie 40 de Mozart et, plus largement, tout ce qu'on entend dans "Amadeus".
J'en écoutais déjà beaucoup à l'époque; si bien que mes visiteurs y étaient confrontés de façon quasi mécanique après avoir franchi mon seuil.
L'ami en question fut rapidement contaminé.
Aujourd'hui, il ne se passe pas une semaine sans qu'il me fasse à son tour découvrir telle oeuvre plus "pointue".
Comme quoi, on est toujours le "nul de quelqu'un".
* Mon application "orthographe" souligne le mot en rouge.
Il est donc permis de penser que le mot "saladière" n'existe pas.
Quand on était petit, on disait "pisse à la bière" à la boulangère et on hurlait de rire.
2 commentaires:
Figurez-vous que mon premier disque classique fut aussi la BO d'Amadeus...
Après, je me suis abreuvé de baroque grâce à la discothèque parentale avant de voler vers d'autres époques, dénigrées au sein de la cellule familiale.
(Vivaldi est le compositeur dont j'ai le plus de cds mais chut ! c'est mal vu par la plupart des gens :-D)
Je réponds par un billet "Vivaldi".
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