Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 2 novembre 2010

Ce pauvre Vivaldi

Quand je sors des entrailles de Paris à la station Strasbourg St Denis, il n'est pas rare que sa musique, par le truchement de mon baladeur, m'accompagne, me permettant de parcourir d'un pas alerte la distance qui me sépare du théâtre (j'ai lu en effet qu'il était bon pour les artères de descendre à la station précédant sa destination).
Un commentateur m'écrivait il y a peu que la possession de disques du "prêtre roux" (surnom que lui donnaient les vénitiens) serait mal vue dans certains cercles de mélomanes dogmatiques.
Le compositeur de ces "4 saisons" magnifiques, hélas dévoyées en musique d'attente téléphonique et en pizza, fut relégué aux oubliettes avant que son cadavre ne fût tout à fait refroidi.
Sa disgrâce dura donc de sa mort (1741) à la seconde moitié du siècle suivant.

On sait (ou pas, y'a pas mort d'homme !) que c'est Mendelssohn qui réhabilita J.S. Bach (pas moins !) à cette époque dite "romantique"; vu que le père de tous les musiciens (amen) avait fait quelques emprunts au "prete rosso", on commença alors à fouiner dans les bibliothèques musicales pour découvrir que ce compositeur ne fut pas le Clayderman violoneux qu'on croyait, mais bel et bien un immense musicien, auteur d'une oeuvre pléthorique, cette reconnaissance trouvant son apogée au XXème siècle (il était temps !).
Si l'on veut faire la fine bouche, on trouvera que le vénitien (qui est allé mourir à Vienne on ne sait pas pourquoi, il y a un livre à écrire) s'auto-parodie parfois; mais quand on a écrit des centaines de concertos, sonates, messes, opéras et autres broutilles, on a le droit d'avoir des réminiscences, non ?
Alors, pour découvrir cette oeuvre pléthorique et conséquente, lumineuse, on a l'embarras du choix entre Beatus Vir et Stabat Mater sacrément, euh, sacrés.
Bien sûr sa cité, Venise, exploite de façon parfois éhontée la gloire du musicien : pendant les régates historiques du premier dimanche de septembre (où il faut jouer les anguilles pour apercevoir le Grand Canal tant la foule est dense), une sono digne de Bercy déverse du Vivaldi à pleines croches et "ils" ne se gênent pas pour mixer avec l'immonde "Rondo Veneziano"; de même, à Venise, tous les concerts dans les églises proposent "du Vivaldi" aux touristes heureux d'ajouter cette touche culturelle à leur parcours balisé "Rialto-San Marco-Pont des soupirs".
Reste que ce grand compositeur laisse une oeuvre immense, empreinte de gravité mais aussi d'une gaieté "populaire" qui en fait la "star" qu'il est aujourd'hui.
Et c'est mérité.

Tiens, si ça vous file pas des frissons, je me teins en roux et j'entre dans les Ordres :


Et merci à Romain qui m'a donné l'idée de ce billet.
Page Wikipedia bien documentée : clic

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