Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)
mercredi 16 avril 2008
Humoristiquement correct
A l'heure où l'on commémore la disparition de Pierre Desproges, emporté par le crabe en 1988, on dressera un état des lieux peu réjouissant de l'humour du 21ème siècle en nos contrées :
il est intéressant que l'humour-vache n'ait pour seul refuge que des lieux comme le Caveau de la République (qui, à ses débuts, s'appelait... la Vache enragée !) où l'anti-sarkozysme et l'anti-cléricalisme d'un Paul Adam valent à celui ci de recevoir fréquemment des lettres d'insultes émanant de courageux anonymes.
Dans la jeune génération de fantaisistes, même si certains manient un pipi-caca qui fait se tordre les adolescents pré-pubères, la transgression et la provocation sont rarement au programme.
La vogue du "stand-up", qui permet tous les fourre tout (les fourre rien, en fait), crée, à l'exemple de la "Starac", de fausses valeurs d'un jour dont les "textes" sont d'une désolante platitude, bannissant tout deuxième degré susceptible de demander un effort intellectuel minimum.
Le "Comedy Club" (on écrit "comedy" comme "academy", n'est-ce-pas ?), créé par un artiste bourré de talent au demeurant, synthétise toute la vacuité de l'humour des années sarko : le moindre gamin qui a fait se rouler ptdr* ses copains de cage d'escalier peut désormais venir se raconter, persuadé qu'il est le nouveau Gad Elmaleh.
Ailleurs, sur les tréteaux de ce que l'on appelle encore "théâtre", on affiche des piécettes aux titres évocateurs ("Couscous aux lardons", "Les homos préfèrent les blondes" (pauvres homos !), dont on devine aisément que les auteurs ont d'abord trouvé le titre (c'est bon, ça, coco !) en mode racolage actif avant de donner un "contenu" à leur œuvre immortelle.
L'humoristiquement correct est de mise partout, sous le diktat de la télé(sans)vision où seul, qu'on le veuille ou non, un Ruquier peut encore donner la parole à un Christophe Alévêque qui, lui, ne joue pas, ne jouera jamais, le jeu du nivellement par le vide.
Des illustres aînés qui osèrent, il reste un Bedos pour lequel on irait presque brûler un cierge afin qu'on nous le maintienne longtemps en bonne santé, ou un Rollin (mais qui le connait ?), pour pratiquer un humour dévastateur, tout bêtement intelligent.
Le cul est encore le seul domaine où tout semble permis depuis que Bigard en a fait sa matière première en symbole de franchouillarde vulgarité digne du "pétomane" de la Belle Epoque.
Il y a pourtant sans aucun doute une demande : il suffit de voir le succès soudain du "radio bistrot" d'Anne Roumanoff chez Drucker, qui, par la plume alerte de Bernard Mabille (qui fut, je le rappelle, l'un des auteurs de Th. Le Luron), fait redécouvrir à un public anesthésié que le rire peut être mordant.
Le seul problème, c'est que cette artiste estimable que l'on n'attendait pas là, ne s'y voit pas non plus, toute surprise de ce regain de popularité.
Elle vous dira : "surtout, dites bien que je "joue", que je ne pense pas ce que je dis, hein !".
Y'a du boulot !
* ptdr : par terre de rire
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2 commentaires:
cher monsieur Sylvian,
je suis très choqué par vos insinuations qui me prétendent anti-sarko ou anti-curé.
Et pourquoi pas se moquer de madame Boutin pendant que vous y êtes !
Je me sers tout de même une bonne benoit 1664 à votre santé.
Et vive Sarkozy
Burp
ça y est, j'ai tout vomi
(un petit gerbillon, comme madame Dati, pardi)
j'espère que je vais pas me faire appeler Arthur !
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