Sylvia et Johnny du Voom Voom m'avaient repéré et me demandèrent si je voulais tenir les platines du grand club juanais : ça conférait, à cette époque, un immense prestige et, surtout, ça garantissait des revenus (les premiers "vrais" salaires) confortables qu'on dilapidait en restos et en sorties diverses.
Ca ouvrait la porte aux amours de passage, considérés chacun comme une victoire dont on ne voyait pas à quel point elle était dérisoire.
Il y avait du soleil, chaud comme jamais, et Anthony Quinn nous payait des pots au Cameo, un rade improbable du vieil Antibes où je louais mon premier studio à moi sur la place Nationale composant des chansons sur un Kawai droit loué, car j'aurais brisé le coeur de ma mère si j'avais emporté le Grotrian Steinweg, roi du salon aux Tritons, dans l'appartement familial (je ne le récupérai qu'en... 1997 !).
L'hiver, j'écumais bars et boîtes interlopes, escorté de voyous qui tenaient absolument à assurer ma protection et l'on ne pouvait me chercher noise.
Un soir pourtant je fus "dommage collatéral" d'une violente bagarre dont ma dentition garde encore les traces et eus droit aux plates excuses d'un "cake" dont le poing droit avait malencontreusement rencontré ma mâchoire.
Une autre fois, on me piqua mon "Ciao" : le délinquant, apprenant à qui appartenait la bécane, le rapporta fissa dans le garage, aux "Tritons" avec un petit mot où il avait écrit "je t'ais mis de l'essance".
Ton anniversaire, cher jeune disciple et ami, fait affluer ces souvenirs.
Vis pleinement tes vingt ans, dont je ne dirai pas qu'ils sont le plus bel âge en lieu commun éternellement ressassé, mais dont je souhaite qu'ils soient à l'origine d'une vie d'homme toujours exaltante et enrichissante.
Souffle les bougies et fais une bise à ton piano de ma part.
Ceci était un message personnel exceptionnel entre deux êtres forcément exceptionnels.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire