Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 7 juin 2007

Mes nanars


De tous les De Funès qu'on allait voir systématiquement, presque rituellement, au "Casino", au "Rex", ou à l'Antipolis (immense salle glacée, glaciale, où l'on perdait un bon tiers des dialogues de chaque film qui se brouillaient en échos ...glaciaires), ce "Grand restaurant", réalisé par un tâcheron aux ordres de la star, est l'un des moins connus.
Il gagne à l'être pourtant pour ses 40 premières minutes, les suivantes, en pathétique poursuite avec gendarmes, terroristes de pacotille, hélicoptère pour faire friqué et DS19 renversée glissant sur les pentes enneigées, n'étant que remplissage laborieux.
Seulement il y a ces quarantes minutes virtuoses où M.Septime (De Funès en majesté) règne en despote sur ce restaurant sans doute étoilé, terrorisant une armada de serveurs où l'on retrouve ces seconds rôles des années 70, ceux qui ont fait toutes les guerres de la série Z, les "Grosso et Modo" (si, souvenez vous du soldat allemand affligé de strabisme de "La grande vadrouille"), un Paul Préboist en sommelier évidemment alcoolo, un Maurice Risch joufflu et facétieux, un Pierre Tornade inévitable, et, surtout un Roger Caccia en pianiste "keatonien" qui demeure à jamais mon Maître ès humour pianistique.
Côté flics et voyous, deux immenses comédiens disparus, Noël Roquevert et Bernard Blier donnent la chasse à Venantino Venantini (quel pseudo !) vu en "bègue" dans le Corniaud et en amant torride dans les films de Lautner à la gloire de Mireille Darc.
Nanar tout entier dédié à sa vedette qui, sans doute, l'inspira, "Le grand restaurant" en quelques minutes aura marqué l'inconscient de tous ceux qui l'ont vu : la "répétition" dérivant en ballet frénétique (bien avant Rabbi Jacob), le patron déguisé en folle pour espionner son personnel en activités, Caccia se livrant à des acrobaties pour récupérer le billet de 100 "nouveaux francs" tombé à ses pieds, Septime donnant la recette, en allemand de cuisine, du soufflé aux pommes de terres, un ombre malencontreuse le transformant soudain en Adolf Hitler, ou tournant autour d'un kiosque de presse sous les ordres transmis via un talkie-walkie, sont autant de morceaux d'anthologie d'un certain cinéma comique français.
Alors que "La grande vadrouille" ne parvient plus à m'arracher autre chose que quelques sourires, que les "Gendarme" n'éveillent en moi que pitié, ces quelques scènes ont encore aujourd'hui le pouvoir de me faire jubiler.
Pour moi, une Madeleine.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour moi le génial De Funes c'est surtout "Les Aventures De Rabbi Jacob" !