Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

jeudi 18 août 2011

Téchiné prend l'eau à Venise

 Synopsis :
Francis arrive à Venise pour écrire son prochain roman. Il cherche à louer un endroit pour travailler. Il rencontre Judith, un agent immobilier. Elle insiste pour qu’il visite une maison isolée dans l’Ile de Sant Erasmo. Francis lui propose comme on se jette a l’eau : "Si on habite ici tous les deux … je signe tout de suite…". Ils se lancent alors dans une vie de couple.
Mais quand Francis est amoureux, il ne parvient pas à écrire. L’été suivant, sa fille Alice débarque dans sa retraite pour passer des vacances. Et puis brusquement elle disparaît … A partir de là Francis est mis en danger …


Elle est encore bien belle Carole Bouquet ; Venise aussi.
C'est à peu près tout ce qu'on retiendra de ce film de commande d'un Téchiné dont l'amour qu'il voue depuis toujours à la ville flottante pouvait laisser espérer autre chose que ce simili-polar adapté d'un Djian biscornu sans suspense (tout est prévisible) capillotracté.
Carole est belle, oui (ce qui ne fait pas un film) aux côtés d'un Dussolier fatigué qui semble regretter les films où, en mode "Agatha Christie", il enquête en fin limier en compagnie de Catherine Frot, aimables films "du samedi soir" qui valent cent fois cette chose boursouflée qui n'a d'autre intérêt que de nous emmener (ramener, pour ce qui me concerne) dans la Sérénissime, très bien photographiée avec de très jolies couleurs et tout et tout.
Pour le reste, les situations grotesques et les dialogues ineptes se succèdent dans ce film qui se voudrait dramatique et qui nous arrache, à mon ami accompagnant et moi-même, des fou-rires inextinguibles !
Sur la lagune qu'il aime tant, pourtant, Téchiné rame à qui mieux-mieux comme ses personnages en comique involontaire de répétition : pour résumer ce que l'on peut, à la rigueur, appeler "l'action", c'est "suis moi, je te fuis ; fuis moi, je te suis et je te fais suivre !".
Ainsi, on s'attend à retrouver au détour d'une scène le corps horriblement mutilé (un peu de gore ne ferait pas de mal !) de Mélanie Thierry (limite insupportable) entre deux noires gondoles, mais non, la disparue est simplement partie à Paris vivre le parfait amour avec un aristo vénitien-junkie-trafiquant qui fut autrefois l'amant de la Carole qui, entretemps, s'est mariée avec André (pas Téchiné, Dussolier : eh, oh, faut suivre, un peu !).
Tout est à l'avenant, en situations tarabiscotées qui se voudraient méandres ; mais là, la toile d'araignée est tissée de fil blanc.
On comprend que Téchiné ait besoin de bosser : il ne doit pas être simple, en époque décérébrante, de trouver des subsides pour mener à bien projets plus ambitieux.
On a beaucoup de peine de voir se fourvoyer ici le cinéaste de tant de films mémorables, de "Ma saison préférée", des "Roseaux sauvages", du méconnu "Les temps qui changent", des "Voleurs" et d'Hôtel des Amériques…
On préfèrera oublier ces "Impardonnables" qu'on aurait pu appeler également "Inexcusable" si ce n'est le respect que l'on voue à son réalisateur.
Allez, à la limite, pour bien rigoler et voir Venise, on peut perdre deux heures.

 "Oui, je sais, c'est super beau ; mais tais-toi et rame !"

1 commentaire:

FF a dit…

Dans Libé, cette question posée à Téchiné : "Pourquoi Venise, alors que le roman se déroule sur la côte basque ?" !