Le beau "visuel" de Villemot illustrait également la pochette du disque.
Je m'étais entiché à l'époque de la musique de Maurice Jarre que je jouais au piano à longueur de journée : je me souviens d'une très belle pochette de 33 tours au dessin très stylisé ; j'ai dû en user les sillons de l'avoir tant écouté.
Même si le thème principal devint une scie vociférée par Mireille Mathieu sous le titre "Paris en colère" (ça s'entend : la chanteuse aussi est en colère !), c'est, à mon avis, l'une des meilleures partitions du papa de Jean-Mi, beaucoup moins redondante que celle du "Docteur Jivago" qui connut un destin planétaire (La chanson de Lara vous est assénée 2647 fois en 3 heures de film !).
Ici, toutes les ressources de l'orchestre symphonique sont utilisée, et il se dit à l'époque que 12 pianos furent utilisés simultanément pour le thème "action" qui donne des frissons !
Le succès du "Jour le plus long" où défilait une flopée de stars planétaires avait titillé le producteur, un certain Paul Graetz, lequel s'y connaissait plus en business de toutes sortes qu'en cinéma : il voulait une épopée, et il fallut tout le talent du cinéaste René Clément ("Plein soleil", "Jeux interdits", "Gervaise", "La bataille du rail") pour donner quelque profondeur à ce film "commercial", lequel, à l'instar de son "rival" axé sur le débarquement en Normandie, fut doté d'une distribution de stars internationales qui serait invraisemblable de nos jours : au fil des minutes apparaissent entre autres (ça amuse !) Delon, Belmondo, Piccoli, Trintignant, Cassel (le père), Rich, Montand, Signoret, Cremer, Gélin et j'en passe.
Côté vedettes anglo-saxonnes se succèdent Orson Welles (si !), Kirk Douglas (en crédible Patton), Anthony Perkins, Glenn Ford, Leslie Caron et Georges Chakiris (West side Story), et je dois en oublier !
Graetz avait mis le paquet pour adapter le livre de Lapierre & Collins qui avait été peu de temps auparavant un "best-seller" : la municipalité de Paris se mit en quatre pour permettre les prises de vues ; le film était un ode à Paris qu'il fallait absolument appuyer, pour des raisons éminemment historiques et politiques.
En 66, De Gaulle était au pouvoir et le Parti Communiste représentait une force considérable d'opposition.
Clément s'évertua (même si certains prétendirent que PBT fut un film "gaulliste") à équilibrer les forces, gommant les dissensions qui ne manquèrent pas d'opposer les deux camps lors de ces journées cruciales qui aboutirent à la libération de la capitale le 24 août 1944.
Ainsi, avant le massacre des étudiants, on voit une minettes des Jeunesses Chrétiennes ébaucher un flirt avec le membre des Jeunesses Communistes qu'on vient de lui présenter.
De même, on donne autant d'importance au rôle du Colonel Rol-Tanguy, communiste (Bruno Cremer "Maigret"), qu'à celui de Chaban Delmas joué par un Alain Delon excellent comme il le fut souvent à cette époque.
En sortit donc une production consensuelle construite tant bien que mal malgré les relations exécrables entre le producteur et le cinéaste qui n'en avaient pas la même conception.
L'adaptation initiale par Jean Aurenche ne fit pas long feu et Graetz fit appel (c'est un film Paramount) à deux gloires d'outre-Atlantique pour la mouture définitive : Gore Vidal et Coppola (oui, celui du "Parrain" à venir).
En subsiste un film un peu bancal qui vaut mieux que sa réputation en milieu "cinéphile" : la partition de Jarre, un excellent montage, des acteurs d'exception, un rythme soutenu malgré les 176 minutes de projection, un certain "souffle" en font un spectacle toujours plaisant à vivre.
Il faut souligner, au rang des comédiens, l'excellente prestation de Gert Fröbe en Gal Von Choltitz, commandant et gouverneur de Paris, nommé par Hitler pour détruire purement et simplement la Capitale !
Fröbe transmet admirablement le doute qui assaille le militaire dès son entrevue avec Hitler au cours de laquelle naît en lui le sentiment qu'il a affaire à type vachement dérangé.
Le DVD, sorti en France le 23 août dernier bénéficie d'une très belle restauration, avec un "couac" de taille cependant : il n'offre que deux bandes sons, l'une où tous les personnages parlent anglais, l'autre où les protagonistes s'expriment tous (allemands et américains compris) en français !
Or, si ma mémoire ne me trahit pas, j'ai le souvenir d'une version où chacun s'exprimait (avec sous-titres) dans sa propre langue.
Il est possible que cette version n'ait pu être récupérée : c'est dommage, très dommage !
Reste que le film tient le coup, avec une très belle photo en noir et blanc, et des passages où l'on retrouve un grand René Clément (le départ du train à Fresnes entre autres), cinéaste qui mérite que l'on s'y attache et que l'on reconsidère son œuvre, malgré l'anathème de saint François Truffaut...
Et puis, quel cadeau pour tous les amoureux de Paris.
Kirk Douglas en Patton : parfait, comme d'hab.
Pierre Vaneck, Alain Delon, Bruno Cremer
Orson Welles et Claude Dauphin
Le grand Claude Rich joue 2 rôles dans le film : ici en Général Leclerc
Photo de tournage : Gert Fröbe, René Clément et Yves Montand
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