Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 19 janvier 2010

Un glorieux bâtard du cinéma




Une projection d'Inglorious Basterds provoque un moment de jouissance cinématographique pure.
Parce que, depuis toujours, Quentin Tarantino bouscule allègrement les codes de la réalisation d'un objet filmé.
Il a dû être jouissif, justement, de faire mourir Hitler comme un sale bâtard (qu'il était) sous les balles d'un juif vengeant ainsi  son peuple du crime atroce initié par l'immonde personnage.
Accommodant l'Histoire à sa façon, si peu orthodoxe, le cinéaste-galopin nous offre un film ébouriffant, de ceux, si rares de nos jours, qui vous font trépigner dans votre fauteuil, exultant, rageant, pantelants au bout du compte.
Les références au "cinéma de quartier", dont celui tenu par le personnage de Mélanie Laurent, abondent.
Pour ma génération nourrie, le samedi soir, aux "western-spaghetti" et autres péplums venus  de la péninsule, ce sont autant de clins-d'œil qui interpellent constamment.
La fameuse "Lettre à Elise" de Beethoven, revisitée dans la bande-son sur le mode "Ennio Morricone" en est un exemple parmi tant d'autres qui (me) fit bondir de bonheur, moi qui déteste l'original !
Comme ses personnages, Tarantino défouraille à tout bout de champ, flinguant Beethoven au passage, capable néanmoins de nous servir des plans d'une beauté confondante (la scène d'ouverture, où l'on pense bien sûr à Sergio Leone, et la fuite magnifiée de Shosanna à travers champs, sont sur ce point remarquables).

Les acteurs, ici, s'en donnent à cœur joie ; ils s'éclatent.
Depuis que les frères Cohen ont révélé que Brad Pitt était doté d'un réel tempérament comique (Burn after reading !!!), on exploitera sans doute avec raison cette facette de son immense talent.
Mais la grande révélation du film, à mes yeux, c'est l'acteur autrichien Christoph Walz qui interprète le colonel SS Hans Landa, lui qui fut l'un des héros fatigués de la série-culte des maisons de retraite, l'ineffable
"Derrick" !
En parfait salaud, il crève l'écran de ses yeux bleu-acier, réussissant à être drôle, notamment dans la scène où il parle un italien impeccable face à un Ltnt Aldo Raine (Brad Pitt) empêtré dans un plan foireux.
Tous les autres acteurs sont impeccables, même si Mélanie Laurent est moins à l'aise que dans "Le concert" de R.Mihaileanu.

La référence ultime du film, c'est "Les 12 salopards", exemplaire film d'action des 70's où, pour une opération à l'intérieur du camp nazi, le personnage de Lee Marvin recrutait les pires "bâtards" de droit commun dans les geoles de l'armée US.
Tarantino mange du cinéma, le dévore, pour en donner un synthèse qui n'appartient finalement qu'à lui.
L'exploit est là.


(Message personnel : tu l'as eu ton long article !)

 
Christoph Walz (Colonel Landa)
Walz, pour un viennois, c'est cool, non ?

Aucun commentaire: