Je ne joue jamais : ni loto, ni jeux à gratter au nom bucolique (morpions !), ni poker, et encore moins en bourse.
Cet automne, visitant l'excellent site du Fooding (lien à droite, plus bas), j'ai cliqué sur la roulette d'une marque d'eau gazeuse italienne sans réellement comprendre qu'elle permettait de gagner un dîner pour deux dans un resto parisien.
Et là, bingo !
J'ai pensé "mais oui, bien sûr, c'est ça, à d'autres" et autres scepticismes de non-joueur invétéré.
Je reçus cependant un mail du bureau du Fooding m'informant, que oui, vraiment, j'avais décroché une invitation dans un restaurant branché du Haut-Marais, Glou, dont les gazettes gastronomiques disaient le plus grand bien.
Ce quartier parisien où l'on ne rencontre étrangement que peu de "gays", c'est celui du musée Picasso, dans le prolongement de la rue des Filles du Calvaire, fréquenté par une bourgeoisie qu'on affuble de l'inévitable terme de "bobo" qui, aujourd'hui veut dire tout et son contraire, mais, en général, désigne une population qui suscite surtout de la jalousie.
Accompagné d'un grec ami restaurateur (que mes plus proches reconnaîtront), nous avons fait un très bon repas dans un cadre très "comme-je-les aime", épuré, sans affèteries chichiteuses, très fréquenté malgré un temps glacial de ceux qui incitent à rester chez soi devant un bon vieux Max Pécas tropézien.
Nous parlâmes de plein de choses et notamment de nos enfants, ceux que nous n'avions pas fait mais qui font nos satisfactions ou nos dépits, pour lui son filleul et pour moi ces deux ou trois élèves qui m'empêchent de vieillir trop vite.
Ainsi donc, Lionel Jospin revient ; non pas en politique, mais en dressant, dans un livre dont on parle beaucoup actuellement, un bilan en forme d'inventaire sur son action de Premier ministre (vous savez, celui qui "gouvernait" en des temps où la fonction avait du sens) et donnant (enfin !) son sentiment sur sa défaite de 2002.
Cet homme d'état avéré tel a très certainement ressenti un dépit amoureux à l'égard du pays qu'il avait servi de son mieux, sans ostentation, en travailleur "au charbon", avec une intégrité qu'on ne saurait contesté.
C'est le sort de quelques grands politiques que d'être rejetés par une opinion publique trop sensible au clinquant, aux phrases brillantes mais vides de sens, à cette fameuse "image" qui règne en fausse maîtresse de nos illusions.
Les plus honnêtes, les plus grands serviteurs de l'Etat en firent les frais, dont, presque récemment, Pierre Mendès-France, Michel Rocard et celui dont il est question ici.
C'est attristant.
Le comportement de nombreux socialistes envers Julien Dray relève de l'ignoble.
On commence à connaître les détails de "l'affaire", même si les médias ont une fâcheuse tendance à traiter en quelques lignes la relaxe d'un prévenu (ici, un simple rappel à la loi sur un fait précis) après avoir trainé un présumé innocent dans la boue qui fait vendre.
Dray n'est pas le seul à avoir subi pareil traitement : Fabius en sait quelque chose, qui fut "reponsable sans être coupable" mais qui, aujourd'hui, encore, se voit jeter à la figure l'affaire du sang contaminé.
DSK, lui, s'en est beaucoup mieux sorti.
C'était rigolo, hier, cette arrivée pédestre du gouvernement au complet dans la cour de l'Elysée pour les voeux du (si peu) chef de l'Etat.
Ça m'a suscité une réflexion dont je crains qu'elle soit déjà "réchauffée" quand je la servirai demain au public du "Caveau" : voyant Wauquiez et Mitterrand-le-petit les bras en écharpe, j'ai aussitôt laissé filer un "c'est vraiment un gouvernement de bras cassés".
Anouk Grinberg n'est pas seulement la comédienne que l'on sait.
Elle vient de publier aux Editions de l'Atelier les lettres de Rosa Luxembourg dont elle fit sur diverses scènes des lectures bouleversantes.
Le livre est complété par un CD où plane sa voix de femme-enfant qui sait se faire rageuse à l'évocation de la moindre injustice.
Dans la lumière d'un été de grâce, j'avais eu le privilège d'entendre quelques pages de son travail, dans un tout petit cercle familial où je rougis encore d'avoir été admis par la seule vertu des affinités électives.
Je me souviens (et pour toujours je me souviendrai) que la voix d'Anouk avait arrêté le temps, suspendus que nous étions au message qu'elle nous délivrait.
La neige commence à tomber sur le Paris populaire où je vis, où ceux que l'on appelle dédaigneusement "bobos" se mêlent sans arrogance, avec attention souvent, aux plus démunis.
J'écoute Schubert et, détaillant le dessin des voeux d'Anouk, ma pensée vagabonde vers un lac lumineux d'une fin d'après-midi de juillet.
- D'Anouk Grinberg -
Nota : on ne manquera pas de voir, ce soir, à 20h35 sur France 2, le "Camus" de Laurent Jaoui avec Anouk Grinberg et Stéphane Freiss, téléfilm auquel j'ai modestement participé en entraînant la comédienne à se sentir pianiste le temps d'une courte scène.
* du titre : à la radio, à la télé, aujourd'hui, on dirait "mais pas que !".
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