Cette gazette bénéficie actuellement d'un engouement qui n'a pas manqué de m'interloquer ; par la grâce de la maison xiti qui me fournit jour après jour d'affutées statistiques, j'ai pu en connaître la raison.
J'avais, il y a quelque mois, rédigé un billet sur la "chapka"**, ce couvre-chef d'épaisse fourrure que les habitants de toutes les Russies revêtent pour se protéger des froids sibériens (ceux qui, autrefois, connurent les charmes du goulag n'y avaient pas droit).
Mon article faisait référence à l'un des derniers textes d'Etienne Roda Gil, écrit pour l'album de Julien Clerc "Utile", et intitulé "Charpie de chapka", lequel, en quelques vers magnifiques, faisait métaphore avec la chute du communisme.
Je glissais dans ce texte que depuis deux ou trois ans j'avais adopté cette coiffure en cas de grand froid parisien, soit une ou deux semaines par an au maximum.
Je ne sais quel "people" a arboré pareille parure ces temps derniers, mais voici (!) qu'elle fleurit sur des têtes plus ou moins adaptées à chaque coin de rue de la capitale et sous toutes les formes possibles : ainsi, hier soir dans le métro, un garçon de petite taille, guère épais (tiens, voilà Tolstoï !), portait fièrement un énorme gâteau-à-poils auprès duquel la coiffure d'un chef tartare aurait un côté cheap ridicule.
Le "truc" était monumental, une sorte de rond-point poilu recouvrant un crâne dans lequel on pouvait lire à coup sûr : "et des comme ça, t'en as déjà vu, hein, des comme ça ?"
J'ai l'agréable impression, depuis l'arrivée en masse des chapkas sur les crânes nationaux, d'être lu, enfin, par les lecteurs habituels de Voici, Gala, Closer et autres Ici Paris.
Et ça, ce n'est pas rien.
Rassurez-vous mesdames, on en trouve de plus grandes...
Toujours dans la même veine, les "français" (lesquels ? comment ?) ont élu leurs personnalités préférées de l'année et j'ai dû m'asseoir pour entendre que le numéro 2 (le n°1 étant Johnny Hallyday, chanteur) était, cette année, calmons-nous, la ministre de l'économie et des finances, l'adorable Christine Lagarde.
On se gratte la tête (nue), on se demande pourquoi cette femme arrogante qui avait conseillé aux français sans pouvoir d'achat de faire du vélo s'ils n'ont pas de quoi s'acheter de l'essence, qui prétendait il y a quelques mois que la crise était "derrière nous", s'attire à ce point les faveurs du grand public.
Peut-être une explication dans le fait que la dame s'exprime en anglais comme ni vous ni moi, c'est à dire impeccablement.
Et ça, ça impressionne vachement le citoyen lambda, compte tenu du peu d'aptitude du français moyen pour les langues étrangères.
Certains jours, il y a de quoi mettre sa chapka en charpie.
* C'est mon blog, et j'orthographie "balivernes" comme je veux.
De plus, c'est rigolo, c'est un jeu de mots.
** Les non-zappeurs frénétiques peuvent lire le billet en question ici :
clique !M'ame Lagarde, sans chapka, mais tellement "trendy" !
(Photo afp)
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