Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 7 janvier 2009

Nouvelles saines

Les lumières de salle du Casino de Paris* sont rallumées depuis longtemps ; devant la scène désertée, une poignée de filles s'agglutine, reprenant pour la énième fois à tue-tête le "Laissons entrer le soleil" final.
Julien Clerc ne reviendra pas : pendant plus d'une heure et demie, il a joué les marchands de bonheur sur la scène mythique du "Music Hall" de la rue de Clichy.
Ce jeune homme de 61 ans en donne pour son argent à un public où se côtoient plusieurs générations d'admirateurs ("trices" en majorité) qui lui sont reconnaissants de cette générosité qui lui fait interpréter une bonne trentaine de chansons intelligemment alternées : des "tubes", certes, et l'on prend conscience du legs exceptionnel au patrimoine de la chanson française, des chansons moins "faciles" issues de plages méconnues de certains opus et, enfin, les chansons du dernier album, dont deux écrites avec Gérard Manset, véritables bijoux ciselés avec amour.
Outre sa belle prestance, J. Clerc surprend par le timbre d'une voix que le temps n'a pas érodée : il proclame avec une juste fierté, dans les interviews, que toutes les chansons anciennes sont chantée dans la tonalité d'origine ; ce qui doit faire bien des envieux chez ses confrères !
Il est difficile de résister au professionnalisme de ce chanteur sans clinquant.
Le tout-jeune-homme venu en famille et peut-être sans enthousiasme assis non loin de moi se levait rapidement remuant et frappant dans ses mains comme un "fan" de longue date.
Pour cette série de concerts, Julien se produit avec une petite formation de quatre musiciens "à tout faire" proprement époustouflants : chacun d'eux joue d'une pléthore d'instruments, passant de la clarinette à l'ukulélé, aux claviers, aux "percus", au "Melodica"...
Juste ce qu'il faut côté lumières, avec quelques astuces en vidéoprojection.
Contrairement à ce que j'avais perçu lors du concert de Polnareff dans l'immense Bercy, on n'assiste pas à cette débauche d'effets et de décibels destinée, on s'en doute, à dissimuler certaines carences de l'artiste.
Ici, tout est axé sur le chanteur, sa voix puissante toujours extrêmement juste, cette chaleur humaine (par opposition à la froideur du créateur de "Love me please love me") qui fait son charisme.
De chefs-d'oeuvre intemporels comme "Le coeur volcan" en tubes comme "Lili voulait aller danser", en passant par les inusables "Ma préférence", "Femmes, je vous aime" et un amusant "Travailler c'est trop dur" où ce pianiste joue les Dylan en s'équipant d'un harmonica et d'une guitare, c'est 40 ans de chanson française de qualité qui défilent.
Sans esbrouffe, avec un talent inoxydable, et un immense respect du public.
Chapeau bas !

*Jusqu'au 18 janvier (complet), ensuite en tournée, puis au Palais de Sports en mai.
Chanteur, un vrai métier !

Photo
LP/GUY GIOS.

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