Ces derniers soirs, je me suis offert un cocktail Allen/Hitchcock juste assez corsé pour me tenir éveillé jusqu'à pas d'heure.
De ce cher Woody, deux films récents qui démentent que son cinéma serait prétentieux et "intellectuel" ; en tout cas, ces temps-ci, il l'est beaucoup moins qu'à une certaine époque.
Ainsi donc, j'ai revu Match Point, aimable "thriller" où Woody filme un horrible meurtre avec classe et humour anglais (il travaille beaucoup avec la BBC, actuellement) : ça commence en marivaudage pour finir en tragédie distanciée donc.
Il y a Scarlett Johansson, très belle, et Jonathan Rhys Meyers ("Les lois de l'attraction", "Les Tudor"), très beau également, merci pour eux, et surtout un acteur qui me fascine, un certain Brian Cox, second rôle que vous connaissez sûrement (tiens, je vous mets une photo !) qui, ici, me fait penser à Michael Lonsdale.
Cox hisse l'art du second couteau à son plus haut niveau (je ne pouvais pas ne pas la faire, celle-là !).
Dans Scoop, tourné dans la foulée, Woody retrouve Scarlett (on comprend qu'il en pince pour elle) et Londres, toujours distribué par la BBC : ici, en prime, W.A. fait l'acteur, en illusionniste lunaire mêlé malgré lui à une enquête menée par une Miss Johanssonn apprentie-journaliste.
Télérama dit que c'est "une comédie policière pétillante".
Ce n'est pas autre chose, ça détend, c'est bien cool un soir d'été avec des glaçons.
J'ai commandé en loc. un film de Woody autrement "sérieux", Une autre femme, qui est sans doute mon préféré du maître : je le verrai la semaine prochaine avec mon comparse habituel qui, mine de rien, est en train de se taper quelques uns des plus beaux films de l'histoire du cinéma (la dernière fois, Sunset Boulevard, pas moins !).
D'Alfred Hitchcock, j'ai découvert Le rideau déchiré, considéré comme l'un des films mineurs de sa carrière.
C'est un film d'espionnage pendant la guerre froide, avec l'excellentissime Paul Newman dans la force de l'âge et une Julie Andrews que je n'ai jamais vue aussi transparente.
Etrange que l'Alfred n'ait pas tiré un meilleur parti de cette actrice que l'on a vu sublime dans Victor Victoria ou même dans La mélodie du bonheur.
Le film est agréable, même si l'on cherche en vain la dose de suspense habituellement distillée dans les grands films du joufflu.
Pour rattraper le coup, j'ai revu, longtemps après sa découverte, La maison du Dr Edwards (Spellbound),avec Ingrid Bergman et Gregory Peck.
Ce n'est pas le meilleur Hitchcock sans doute, mais l'intérêt du film réside dans le fait que le sujet en est la psychanalyse qui va permettre, ici, de résoudre l'énigme policière.
C'est un peu brossé à grands traits, assez "clichés", mais faut voir qu'à l'époque (1945) le thème n'avait jamais été traité.
D'un scénario truffé d'invraisemblances, le rondouillard facétieux tire un film passionnant de bout en bout avec une astuce amusante : le film est en (beau) noir & blanc, et se colore 3 secondes lors d'un moment crucial que je me suis repassé tant j'ai cru que mon cerveau malmené ces derniers temps me jouait un mauvais tour.
Enfin, puisqu'on cause d'Alfred, il n'est pas impossible que ce dernier n'ait quelque peu pompé, pour Vertigo, considéré par beaucoup (mais pas moi) comme son chef-d'oeuvre, sur un film considéré par beaucoup (mais pas moi, là aussi) comme un navet destiné uniquement à mettre en valeur le physique de Marilyn Monroe, à savoir Niagara d'Henry Hathaway (1953).
On a beaucoup dit que le réalisateur (un excellent "artisan" d'Hollywood) avait contourné le code Hays d'autocensure de l'époque et fabriqué un film libidineux, uniquement centré sur le physique de bombe atomique de la star.
Ce n'est pas entièrement faux, Marilyn n'ayant jamais été filmée de manière aussi délibérément "sexuelle" : la scène où elle chante "Kiss" (!) est de nature à émoustiller un bataillon d'eunuques sous bromure !
Mais l'on se doit de réhabiliter ce film mal-aimé, ne serait-ce que pour le grand acteur que fut Joseph Cotten (vu chez... Hitchcock notamment), en cocu magnifique, dévoré par la jalousie, toujours impeccablement juste ; mais aussi pour la magnifique photo (ce Technicolor insurpassable !) de Joe Mc Donald, et pour un scénar "à suspense" qui nous ramène à Hitchcock, lequel, j'y faisais allusion plus avant, a vu, c'est sûr, la scène du carillon, moment d'une réelle intensité dramatique qui fait oublier les plans suggestifs précédents sur l'anatomie de la blonde actrice.
Dans ce film inégal, cette séquence, filmée magistralement, annonce Vertigo, je n'en démordrai pas.
La preuve :
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