Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 7 mars 2008

Journal de voyage et diapos

Piano Girafe


Pianoforte pour W.A. M.

Maison dansante Gehri : faut bien faire les vitres :

Café "Louvre"

Ici, la musique suinte des murs !

Au café "Savoy"

Ma photo de touriste.

Je plaisante : je n'infligerai pas une séance "photos de vacances" à mon lectorat ; lequel, enquête de mon institut personnel à l'appui, mérite mieux.
Il n'y aura donc ici qu'une seule photo "touristique", de celles que des millions de visiteurs ont dû faire avant moi de cette ville de Prague au "passé chargé d'histoire" comme on le lit de toutes les villes dans les dépliants à l'usage de l'étranger de passage.

De l'histoire de Prague, des procès de Prague, du "printemps de Prague", de la tentative Dubcek, de Jan Palach, cet étudiant qui s'immola par le feu en 1969 pour crier la soif de liberté d'un peuple suffoquant, de l'empreinte que le jeune Mozart laissa ici, indélébile, et donc, beaucoup plus tard, du tournage en ces murs du film "Amadeus" par le tchèque Forman, vous pourrez amplement vous documenter en wikipédiant à droite et à gauche.

On n'échappe pas, ici comme à Venise ou à Rome, aux groupes agglutinés autour des édifices obligatoires comme le "pont Charles" ou le "château" où la relève de la garde fait partie des incontournables de tout séjour qui se respecte.
Les italiens, en ce mois de mars, ont envahi la ville, peut-être pour échapper au spectre du revenant Berlusconi prêt à fondre à nouveau sur le pays de Verdi.
J'aurai en définitive entendu parler italien plus que n'importe quelle langue, mon séjour ici démontrant implacablement combien notre langue française s'apparente désormais plus à un dialecte moribond qu'à une langue vivante.
Il suffit pour s'en rendre compte de constater le sourire béat du serveur qui sait dire "au revoir" ou "merci", voire "merci beaucoup" quand le pourboire est jugé digne de courbettes.
En dehors de cela, si vous parlez ni allemand ni anglais (si vous êtes un "français lambda", quoi), vous vous révèlerez fervent émule du mime Marceau.
L'achat un appareil photo numérique dans une boutique du centre-ville, fut, à cet égard, révélateur au point que je me demandai si on n'allait pas lâcher les chiens sur votre serviteur incapable d'énoncer clairement ses desiderata.
Le regard suspicieux du vendeur lorsque je montrai du doigt le "Lumix" convoité, me fit un instant penser que j'allais terminer mon séjour à la manière d'Yves Montand dans "L'aveu" (encore les "procès de Prague").
Fort heureusement, ma "Visa" vint à mon secours en précieux "sésame" international de nature à consolider les liens d'amitié entre les peuples de notre (si) vieille Europe.
La République Tchèque n'est pas encore passée à l'Euro ; ce ne sera chose faite que dans quelques mois et l'on peut encore faire de bonnes affaires au pays de Smetana (mais si, vous savez, le compositeur de la "Moldau" !).

La "Musique" est toujours reine à Prague qui en fut une "plaque tournante" dans les siècles précédents, et surtout aux 18è et 19èmes.
Le soir, il vous sera beaucoup plus facile d'assister à un concert de musique symphonique ou "de chambre" qu'à une démonstration de "tektonic" : on vous distribue à chaque coin de rue des "flyer" vous conviant à une soirée "Mozart" ou, bien sûr, à un programme Smetana-Dvorak, les deux grandes gloires locales.
(Retenu dans ma chambre d'hôtel, lundi, par une "é&=)ào=riknl écfà)o=ç_é*+°@!!!!" migraine qui nous fit rechercher les coordonnées de l'hôpital des étrangers où on doit forcément parler français (p....n de m...e !), je n'ai pu assister au concert envisagé où l'on donnait, entre deux Dvorak, le concerto en fa pour piano et orchestre de Gershwin, sublime et si rarement joué.)

Le "Musée de la Musique", au pied du château, recèle des trésors stupéfiants, dont le "pianoforte" joué par Mozart, des "pianos girafes", des violons "Amati de Crémone", des manuscrits originaux de Beethoven, que j'ai photographiés et montrerai à mes élèves qui n'échapperont pas, eux, à une séance diapos, les veinards !

Hormis l'omniprésence de la musique, ce sont les "cafés" qui auront marqué heureusement cette brève incursion : vastes espaces hauts de plafond, de style souvent "art nouveau", ils sont à mille lieues de nos "brasseries", encore habités par les fantômes d'Einstein, de Kafka, et d'autre illustres clients.
Ici, les serveurs sont éminemment "cinématographiques", aux chemises blanches immaculées, amidonnées, qui ne laissent échapper aucun effluve d'aisselles douteux, suivez mon regard...
On n'attend pour passer commande que le temps nécessaire à la lecture de la carte et tout se passe dans l'efficacité sans cette hystérie qui caractérise aujourd'hui la vie parisienne.
Le chocolat chaud est onctueux, fabriqué selon d'antiques recettes, à des années-lumière de cette poudre que l'on dissout dans de l'eau chaude sous nos latitudes.
Il y a, vu les dimensions de ces endroits, des lieux pour fumeurs ou non-fumeurs et l'odeur des "blondes" ne vous prend pas à la gorge comme ce fut le cas chez nous avant le 1er janvier 2008.
Dans ces "cafés" d'immensité, on trouve sur les tables des carrés de papier et des crayons pour griffonner une symphonie future, l'esquisse d'un chef d'œuvre à venir de toute nature, ou, plus prosaïquement, les coordonnées d'un convive, sans avoir à solliciter "un papier et un crayon" que l'on vous fera attendre des heures durant.
On peut y savourer un authentique "goulasch" à toute heure de la journée ou une délicieuse pâtisserie sortie du chariot promené dans la salle par un serveur tout spécialement affecté à la tâche.

Signe du rayonnement aujourd'hui bien oublié de la France, les cafés et restaurants "bourgeois" s'affichent en noms "français", tels ce "Louvre" que j'ai beaucoup aimé (photos).
Le "restaurant français" de la "maison municipale", chef d'oeuvre "art nouveau", en témoigne, qui bénéficie du label de la "Présidence de la République", comme, en monarchies, ailleurs, l'estampille "royale" atteste du sérieux d'une maison.
J'ajouterai que les prix pratiqués dans ces restaurants et cafés luxueux, réservés aux touristes à l'époque communiste et aujourd'hui accessibles à tout un chacun, sont des plus abordables.
Jusqu'à quand ?
Jusqu'à l'arrivée prochaine, sans doute, de notre euro si fort...

Aucun commentaire: