Il est des coups de pieds au cul salutaires. Un ami me faisait remarquer récemment le peu de parti que je tirais de mon environnement domestique. Les yeux étaient acérés, posés -avec un intérêt amical- sur cette foule de détails infimes (ou pas) qui fait qu'un "séjour" doit être avant tout un lieu aisément praticable. Auparavant, il fallait faire moult allées et venues pour se saisir du livre ou du disque dont on avait envie, au moment où on le voulait. On peut accumuler tous les trésors tout en les disséminant à tort et à travers, ne prenant jamais le temps de se poser pour organiser son univers quotidien.
On se vexe toujours forcément un peu lorsqu'on vous fait remarquer que telle ou telle exposition d'objet est incongrue, ou que l'utilisation de l'espace disponible ne privilégie pas le confort le plus basique d'un lieu de séjour distribué à la fois en salon, auditorium, petite salle de cinéma-maison, salle à manger, salon de musique et bureau ! Il faut donc, pour nos appartements parisiens, un bonne dose d'ingéniosité pour intégrer ces différentes affectations à une pièce de, peu ou prou, 25 m².
Je fus donc piqué au vif, sachant combien mon interlocuteur avait raison, en observateur détaché, froid, avisé, en "œil extérieur" secourable.
Dès le lendemain, -c'était lundi dernier- je me mettais en devoir de suivre -mes réserves mises à part- les précieux conseils, faisant maints aller-retours jusqu'à la quincaillerie voisine après avoir mesuré, re-mesuré (je mesure mal), visualisé in-petto les transformations à effectuer.
Il m'était, en une nuit, poussé des ailes : je déplaçais livres, disques, CD, DVD, les organisant en rangements enfin logiques, enfin pratiques ; je transformais deux parties de la pièce sans relâcher mon effort, intégrant des rayonnages "maison", changeant l'éclairage mal réparti sur un pan de mur, trouvant enfin pour icelui LA solution, ceci découlant de cela.
Exécutant des (petits, n'exagérons rien) travaux de nature à épater l'ami S. auquel, c'est ma fierté, je n'ai, pour une fois, pas fait appel, à plat-ventre à hauteur d'un meuble bas, perché sur l'escabeau vacillant pour un "sur-meuble" (tel qu'on le nomme dans les catalogues suédois) scrutant le résultant, exténué, affalé dans le canapé après avoir déplacé deux fauteuils pour créer, à l'instigation de mon (jeune) camarade, un "coin lecture" (eh oui, il le fallait !), je savoure, cette nuit, l'aboutissement de ces trois jours (et presque nuits) de labeur physique et cérébral.
Je remercie ici mon ami "détonateur" : qu'il sache que, désormais, s'il veut entendre la "Petite messe solennelle" de Rossini, il la trouvera près du lecteur de CD, en cherchant son auteur à la lettre "R".
Ca n'a l'air de rien, mais c'est un sacré progrès !
L'horreur à venir, c'est que l'ami B., lors de sa prochaine visite, ne s'apercevra ab-so-lu-ment pas de tous les changements opérés !
La leçon, c'est qu'on apprend toujours de plus jeune que soi !
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