Pour nous, personnel et artistes, c'est une journée particulière, en une sorte de marathon euphorisant et épuisant à la fois.
On joue une première fois en matinée (à 17 heures) et reprenons le service à 21 heures pour terminer le spectacle à minuit pile.
Entre les deux représentations, nous nous posons sur les banquettes du "chinois" du coin, où nous prenons une légère collation : en effet, chacun de nous a apporté des victuailles pour la soirée, en farandole de pissaladière, de tarama, de gâteau aux pommes frométien, de crumble, tout ça concocté avec amour pour nous permettre de passer la soirée joyeusement tout en restant vigilants sur le déroulement du spectacle.
D'autres ont apporté quelque bonne bouteille, des "grands crus", du Champagne rosé.
Avant, je ne prisais guère ces agapes obligatoires à dates régulières qui produisent ces magmas de viande saoule que l'on croise dans le métro du retour.
Sous cette forme, au théâtre, cachet à l'arrivée, ça me convient tout à fait.
Après le décompte final et les embrassades, nous avons fait une petite fête en petit cercle, car certains d'entre nous nous avaient quittés, "doublant" leur prestation dans quelque dîner-spectacle, héroïques quand l'on sait la difficulté de jouer devant un public dont la principale préoccupation est de se goinfrer, lubrifiant leurs ingurgitations d'alcool à haute dose.
Nous étions donc en petit comité après minuit; mû par une force invisible (j'étais quelque peu éméché, mes heures de vol me permettant toutefois de rester lucide), je me suis dirigé vers le piano.
Pas de "danse des canards" ou de "chenille" pour allumer le feu, non : quelques "classiques" en Bach bien tempéré (de circonstances !), du Debussy, du Chopin...
Ce fut un moment particulier apparemment très apprécié de mes camarades heureux d'échapper aux gaudrioles de rigueur ces jours-là.
Tout le monde y trouva son compte, moi le premier, heureux d'offrir ces pages "immortelles", de faire appel à ma mémoire pour éviter d'en respecter le texte, de chercher le beau son après deux séances où l'efficacité prime sur la beauté.
Le réveillon ne m'a pas eu : je suis resté moi-même.
Comme d'habitude, je n'ai pas répondu aux voeux envoyés à des listes d'amis ainsi libellés "je vous souhaite une bonne année à tous"; j'ai passé une partie du lendemain à appeler personnellement mes proches plus âgés, à mes amies-femmes, et à répondre à celles et ceux, plus jeunes, qui avaient eu le bon goût de m'adresser des voeux personnalisés.
Je crois que je vais avoir droit sous peu à la qualification "vieille France" !
Mais je suis attaché au respect de l'autre, à la courtoisie, à la galanterie.
Et ça, c'est pas très 2011.
"C'est la chenille qui redémarre !"
-Midi Libre.com-
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