"La critique est aisée mais l'art est difficile."
L'expression, devenu dicton, émane d'un médiocre (tiens donc !) auteur et comédien français dont le nom de scène était Destouche (Philippe Néricault -1680-1754).
Elle fleurit encore de nos jours dans la bouche des "victimes" d'une mauvaise chronique, ceux-là même qui se flatteront tôt ou tard d'une critique positive.
Les sempiternelles discussions sur le mode "oh, tu sais, les critiques..." ont le pouvoir de m'agacer un tantinet.
Pour ce qui concerne le cinéma, on sait que le grand public est nettement plus sensible à une "promo" bien orchestrée qu'aux dissections de l'objet cinématographique par les chroniqueurs de la presse spécialisée.
Tant pis.
Il y a là paresse intellectuelle d'un public depuis longtemps insensible à la chose écrite, plus à même d'ingurgiter les fanfares médiatiques en lavage de cerveaux.
Dès que je repère une lueur de curiosité (car la culture n'est qu'aboutissement d'une curiosité aiguë), je m'enflamme et défends pied à pied les fameux "critiques" démagogiquement vilipendés.
Contrairement aux blogueurs (dont je suis !) qui s'improvisent journalistes, chroniqueurs du tout-venant, propagateurs de rumeurs trop souvent, les chroniqueurs de presse sont des cinéphiles acharnés ayant têté les mamelles du 7è Art dès leur prime jeunesse, fréquentant ciné-clubs, cinémathèques et salles pourries du Quartier Latin pour y découvrir les trésors de la production cinématographique de 1895 à nos jours.
Même si quelque mouton noir peut parfois se glisser dans la profession (j'en connais... à la télé !), ils ont donc conquis le droit d'analyser un film et de conclure positivement ou négativement, car ils ont des milliers de références en la matière.
Toute critique est forcément subjective dès lors qu'il s'agit d'art.
Et puis, les goûts et les couleurs ça se discute mon grand : c'est ainsi qu'on évolue !
J'ai "mes" chroniqueurs : ceux qui me donnent envie de voir un film car leur critique est négative (oui !) ou inversement.
Et ceux, c'est plus simple, avec lesquels je ne suis que rarement en désaccord.
Rien n'étant "aisé" en ce bas monde, il peut m'arriver de rejeter un film que mes chroniqueurs préférés ont encensé : ce fut le cas, pas plus tard qu'hier, avec "Somewhere", apprécié dans des colonnes hebdomadairement parcourues avec un vif intérêt, à l'exception notable de l'excellent Pascal Mérigeau (Le Nouvel Observateur) qui partage mon scepticisme.
Le critique cinématographique est un aiguilleur précieux, sans lequel je n'aurais jamais découvert Welles, Ford, ou Kurosawa.
Jamais il n'occulte ma propre faculté d'appréciation.
En d'autres domaines (littérature, musique, théâtre) ont sévi et sévissent toujours des salopards dont les critiques sont dictées par des considérations d'ordre idéologique ou politique : ces "pamphlétaires" ont vu leurs brûlots torchés par l'Histoire qui reste juge suprême.
Pour revenir au cinéma (et conclure), revoyons la liste des "Palmes d'Or" de Cannes : le nombre de films considérés aujourd'hui comme des chefs-d'oeuvre, le plus souvent boudés par le public, est révélateur.
Point final ?
Jean-Louis Bory : critique au "Masque et la plume" (1919-1979).
Je luis dois en grande partie ma passion pour le cinéma et la littérature.
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