Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mercredi 12 janvier 2011

Quoique...



Je me souviens du local en bric-à-brac de Ben à Nice à la fin des années 60, cette espèce de caverne d'Ali Baba, mais en plus pauvre, où je m'arrêtais, comme aimanté, en sortant de mes cours de piano : il y avait un amas hétéroclite d'objets improbables et ces fameuses inscriptions en blanc sur fond noir qui firent un jour sa célébrité et me plongeaient dans des abîmes de perplexité (c'était le but, sans doute).
Ben n'avait pas encore acquis la notoriété d'aujourd'hui; on ne trouvait pas aux étals du tout-venant ces reproductions d'aphorismes en minimalisme, telle cette carte qui ne me quitte jamais où il a écrit, de ce graphisme inimitable, ces 3 mots tout simples : "rien de nouveau".
Ben est sorti de son échoppe pour gagner (?) une certaine gloire qui s'imprime sur papier cartonné, mugs et autres gadgets qui se veulent "branchés".
Tout le monde n'a pas le même rapport à l'artiste que moi...


Pour parler d'autre chose, et puisque je n'ai rien à dire, je me rappelle ces quelques jours en Tunisie, il y a une dizaine d'années -ou peut-être plus, car je n'attache guère d'importance au temps qui passe, finalement- où j'avais discuté avec un jeune homme plus bavard que les autres dans le souk de Tunis.
Il m'avait dit la chape de plomb qui étouffait ce pays, le chômage endémique, la misère, l'attrait de sa génération pour une France-paradis.
Le couvercle de la marmite a finalement explosé, sous l'indifférence coupable de nos actuels gouvernants, complices de fait de cette simili-démocratie où l'on élit un président avec
95% des voix !
Aujourd'hui, ce "despote éclairé" (c'est ainsi qu'on s'obstine à le voir dans nos officines diplomatiques) tente de jeter du lest tant l'éventualité d'un soulèvement d'envergure lui est enfin apparue.
Passe-droits, pots-de-vins, corruption généralisée, sont les causes majeures de cette révolte qui n'est pas encore une révolution, mais gaffe !
La douceur et la gentillesse de ces gens est légendaire.
Mais quand c'est trop, c'est trop.

Les "beaux esprits", nos "élites", se sont réveillés pour tirer à boulets rouges sur "Indignez-vous", le mini-livre de Stéphane Hessel.
S'il en avait vendu trois ou quatre, jamais nos penseurs professionnels n'y seraient allés de leur glose.
Moi, je retiens de l'actualité des trois derniers jours que de paisibles citoyens se sont soulevés contre la gerbante intervention de gendarmes en civil venus s'emparer d'un gosse dans sa cour de récré sous les yeux de ses copains pour le mettre avec son papa dans un "centre de rétention".
Tout le village s'est révolté, "indigné".
Si le bouquin d'Hessel sert à ça, les "élites" ont pas l'air con.

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