Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 27 mai 2012

Un esprit sain


Dimanche de Pentecôte.
De mes années de « cathé », je garde le souvenir que 40 jours après Pâques, l’Esprit Saint descendit parmi les hommes, au premier chef desquels les apôtres de Jésus. Pas bégueule, le Saint Esprit pénétra l’âme de toutes les personnes présentes à leurs côtés.
Ce fut l’origine de l’église chrétienne.
On souhaiterait que beaucoup de nos contemporains reçoivent en leurs cerveaux la visite de l’esprit sain, sans « t » : hier nuit, après une sévère journée heureusement conclue par le spectacle du Caveau, harassé, je jetai un œil sur l’émission dite « de divertissement » de Laurent Ruquier.
On y recevait un patineur du nom de Candeloro, connu, lui, pour son esprit fin, un humoriste dont, si j’ai bien suivi, la principale qualité est la jeunesse, un auteur polyvalent qui fut le « nègre » de Borloo, et un DJ en promotion de son dernier disque, que l’on posa en concurrent de David Guetta. Une telle assemblée de génies me laissa pantois, au point que j’en éteignis rapidement mon téléviseur pour laisser mon cerveau prendre l’air après ce déluge de sentences de haute portée philosophique.
Il y a les vieux cons adeptes du « c’était mieux avant » et les jeunes cons qui pensent que l’avant n’a jamais existé. La démonstration en fut faite, hier, à mes yeux et oreilles, moi qui combats sans cesse mes penchants « déclinologues », aidé en cela par un optimisme naturel qui me porte à espérer qu’on peut encore évoluer…
Le seul mérite de cette émission, dans sa vacuité, fut qu’elle permettait de souffler après une semaine où l’on déversa des torrents de matière fécale sur une Ministre nouvellement promue.
Notre pauvre droite –comme j’aimerais que l’adversaire soit moins bête !-, en l’état actuel de délabrement où elle se trouve, n’a d’autres arguments à opposer que l’insulte et la mise au pilori, son principal thuriféraire, en la personne de l’odieux Zemmour, sonnant l’hallali du lynchage de cette femme. De ce personnage, on peut penser que si le Garde des Sceaux avait été un homme, -blanc, de préférence- les défécations auraient été plus mesurées.

Pour rédiger ces lignes, je me suis installé sur le balcon où sont écloses mes premières roses, où la lavande pointe le bout de son nez parfumeur. De la fenêtre ouverte coule le mouvement lent du 1er Concerto de Beethoven. C’est Kempf qui joue, que j’ai écouté 2456 fois peut-être, avec un plaisir neuf, différent, à chaque nouvelle audition.
Dans le quartier, en ce weekend à rallonge, ne demeurent que quelques irréductibles, attablés à la terrasse du bar du carrefour, « à la fraîche » encore, à cette heure.
En bas, un jeune homme tout de noir vêtu sirote un café en lisant un livre, ce qui me le rend sympathique. J’ai envie, aujourd’hui, de rencontrer des gens qui lisent des livres.

Le port de Vannes, un vendredi vers 8 heures du soir.

Je rentre d’un très bref séjour d’obligations familiales sur les rives du Golfe du Morbihan.
C’est la Bretagne du sud, celle qui bénéficie d’un microclimat différent à chaque coin de rue, où le soleil fut généreux avec moi en ces vingt quatre heures d’incursion en terre inconnue.
Comme à Nantes, les automobilistes s’arrêtent toujours dès qu’ils vous voient manifester l’intention de traverser la chaussée, ce qui ne peut manquer de surprendre le parisien habitué aux incivilités hargneuses du quotidien.
Ça me rend le coin sympathique d’emblée.
Vendredi soir, j’ai dégusté un plateau de fruits de mer de toute première fraîcheur sur le port de Vannes, où la vie semble si paisible. Même les jeunes gens qui s’y réunissent à la tombée du jour semblent avoir tourné leur potentiomètre dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Je suis sorti vainqueur d’une lutte acharnée avec un tourteau de belle taille sous les encouragements de voisins de table moins adroits que moi, pour une fois. J’ai eu moins de chance, peu après, avec les langoustines, maculant une chemise que j’avais eu la bonne idée de choisir de couleur blanche. Les voisins ont alors fait preuve d’une commisération quelque peu suspecte. Le verre de Pinot Gris m’a vite permis d’oublier l’incident, d’autant que le jeune serveur, novice pourtant, a réussi, au prix d’efforts désespérés, à réparer les dégâts.

Golfe du Morbihan vu de la terrasse du Roof, à Vannes





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