Salle 1 comble à l'UGC des Halles dimanche après-midi pour le film de Nanni Moretti "Habemus Papam" qui mérite amplement le succès européen (pour l'instant) qui accueille son dernier opus.
Drôle souvent, mais plus profond qu'on ne pouvait a priori le penser, "Habemus Papam" qui débute de façon presque burlesque entonne peu à peu un hymne à la liberté individuelle, faisant l'éloge du doute qui étreint un simple mortel que l'on veut sanctifier malgré lui, mais également de l'humilité.
Moretti, mécréant et homme de gauche avéré, se permet un regard tendre et cruel à la fois sur ce que les croyants nomment "Notre sainte mère l'église".
De façon maligne, il nous invite à rire de ces cardinaux pour la plupart cacochymes qui élisent le chef de l'église catholique, en usant sans en abuser de son art de la comédie.
La stupeur qui les saisit quand Mgr Melville, pape qu'ils ont élu pour se défausser, sorte de M. tout-le-monde vaticanesque, renonce à se présenter au balcon pour saluer les milliers de fidèles rassemblés sur la Place St Pierre.
Interviendra peu après Moretti en "psy" chargé de sonder l'âme du Saint Père en pied-de-nez aux plus ancrées des convictions catholiques.
A partir de ce moment, hormis une scène-gag très amusant bien qu'un peu longuette où nos cardinaux disputent des parties de volley-ball, le film glisse doucement vers sa véritable identité : le pontife élu, magistralement interprété par Piccoli -il y a de grands acteurs chez nous quoi qu'en laissent penser certaines distributions- va partir en quête de ce qu'il est réellement.
La force de cette fable réside dans le fait que son auteur nous "balade" tout au long de son film, que jamais aucune situation n'est "attendue".
La musique (j'aime ça) de Franco Piersanti colle parfaitement au ton mi-figue mi-raisin dont Morett teinte son film.
Le beau "Misere" d'Arvo Pärt conclue Habemus Papam en contrepoint majestueux à la simplicité qui est le propre du personnage principal : idée magnifique (entre autres) !
Le cinéma italien bouge encore : il faut célébrer l'évènement.
Nanni Moretti et Michel Piccoli
Eglise et psychanalyse : un regalo !*
4 commentaires:
Finalement la performance de Piccoli passe au second plan. D'autant que les pérégrinations qu'il suit constituent pour moi la faiblesse majeure du film: improbables, invraisemblables et impossibles matériellement (trois jours à bourlinguer sans changer de tête, ni de vêtements, à l'hôtel sans argent, etc.). La vocation d'acteur raté, malgré le sens ironique qu'elle porte, nuit à la force du film. C'est convenu.
Montrer l'hypocrisie et la faiblesse des cardinaux a bien plus d'intérêt. Scènes mémorables du conclave et des parties de volley (improbables mais vraisemblables).
Pas un seul acteur n'est en retrait: ils sont tous merveilleux et ça, c'est pas dans un film français que ça arriverait.
1) Comment sais-tu qu'il n'a pas d'argent ? Il a peut-être sa carte Premier.
2) Les parties de volley, c'est bien, mais trop long, je maintiens.
3) Tu plaisantes, Kynseker : et le dernier Téchiné, alors ?
Je suis toujours la Sylgazette depuis mes forts lointaines contrees cervantines !
Sancho Pança a parfaitement reconnu ce Don Quichotte, et le remercie de sa fidélité.
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