Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

lundi 12 septembre 2011

Séjour à Prague : parenthèses enchantées

De mon premier séjour à Prague en mars 2008 je gardais un mauvais souvenir : j'y fus malade à en hurler de douleur.
J'avais toutefois en mémoire une ville en pleine renaissance après les années noires qu'elle vécut.
Autrefois ville de musique par excellence, la cité qui jamais ne se résigna ne méritait certes pas les tragédies qu'elle a subies.
De l'assassinat du Gauleiter Heydrich (l'un des ignobles organisateurs de la "solution finale" nazie) en 1942 par la résistance tchèque à l'immolation par le feu du jeune étudiant Jan Palach en geste de désespoir et de protestation suite à l'invasion de la ville par l'armée soviétique en août 68, Prague fut une ville résistante qui sut admirablement se relever comme en témoigne la beauté intacte du centre historique dont beaucoup de monuments et d'édifice ont été restaurés après la chute du régime communiste.

A la mémoire de Jan Palach sur la Place Wenceslas
(Cette photo est d'Angela Kroeger)

Après le départ des communistes, la ville connut une sorte de "movida", attirant anglais et allemands qui purent s'y défouler à tarifs dérisoires : en subsiste nombre de pubs où l'embierrement est aujourd'hui plus onéreux.
On croise en ville et notamment à l'hôtel de nombreux espagnols, la ville étant liée en catholicisme pour de multiples raisons au pays de Goya : la célèbre statuette de l'enfant Jésus en cire, qui fait la joie des touristes en tout-venant et récemment du pape, fut apportée ici par une espagnole qui la tenait de Sainte Thérèse, pas celle de Lisieux, non, celle d'Avila (je confonds toujours).
La chose semble suffisamment importante pour que Prague et l'Espagne soient unis par des liens indéfectibles.
Je m'attends à l'anathème en prononçant pareil blasphème, mais la richesse des vêtements interchangeables du bambin me fit penser au Manneken Pis, lequel, à Bruxelles, fait l'objet d'une dévotion beaucoup plus profane.

En ville, on croise des tchèques (si !), lesquels vaquent à leurs occupations professionnelles pour rejoindre en fin de journées les cités-dortoirs que l'on peut voir dans toute leur froideur depuis le dernier étage de la Tour de Télévision où nous montâmes, mon compagnon de voyage et moi.
Les malheurs d'un passé encore récent ont laissé leur empreinte sur des visages fermés qui n'ont rien de commun avec ceux d'une jeunesse apparemment insouciante qui n'a pas eu à les subir.
En lieux touristiques (restaurants et cafés entre autres), l'accueil est courtois, sans plus : j'étais loin de l'exubérance de Claudio, mon copain cuisinier de Rome !

J'avais l'immense avantage de voyager cette fois en compagnie d'un ami qui connaissait bien la ville : je n'eus qu'à me laisser emmener en tous lieux dignes d'intérêt, toujours émerveillé de tant de beauté : immenses parcs en no mans land ignorés des touristes, jardins luxuriants aux couleurs déjà automnales, massifs de fleurs aux couleurs vives, péristyles en cours intérieures boudées par les paresseux, visite des synagogues Maisel et "espagnole", impressionnantes, je n'eus guère de répit, heureusement !

Pour la bonne chère, on ne peut dire que la République Tchèque est l'un des hauts-lieux de la gastronomie : la rigueur des hivers a donné naissance à une cuisine qui tient bien au corps, en goulash venu de Hongrie et fromage frit dans la chapelure ; on notera toutefois des efforts appréciables pour apporter une note nouvelle en faisant preuve d'une belle imagination : c'est le fait d'une jeune génération qui a su s'ouvrir vers l'extérieur et s'est visiblement inspirée des grands chefs des pays voisins, dont l'Italie et la France.
Ce fut particulièrement le cas chez Stoletti où nous nous rendîmes deux fois : une certaine audace dans la composition des mets laisse augurer un renouveau de la cuisine locale.

Nous avons beaucoup marché.
Curieusement, ces pérégrinations pédestres me laissèrent beaucoup moins las que lors de mes déambulations récentes dans Rome.
La jeunesse de mon accompagnateur eut sans doute un effet galvanisant !
S'il lit ces lignes (je n'en doute pas), j'en profite pour le remercier de son infinie patience : se coltiner un "quinqua" bavard et "toujours en représentation" (n'importe quoi !) relève de l'exploit !

Prague a toujours aimé la musique.
Croisé dans la rue un groupe d'enfants dont l'un chantait à tue-tête la "Petite musique de nuit" de Mozart !
Passez votre chemin : pour d'obscures raisons juridiques, il n'y a plus rien à voir !

Sur cinq jours, un seul après-midi sous la pluie : de la "vraie" pluie !

Les troupeaux de touristes ne voient pas cela !

Il faut savoir lever les yeux.

Une tiare, une épée : content !

Au Palais des expositions, nobody, mais au-delà un immense parc où l'on croise quelques promeneurs, chien en laisse.

Au travers des vitres, un morceau de ville vue de la Tour Télévision

 Photo de mon ami R.,plus doué que moi pour capter les ambiances nocturnes.

Photo en haut du billet : à l'hôtel, le Roi David veille sur le sommeil des voyageurs, plutôt 3 fois qu'une !

 Je reviens avec d'autres jolies images...
- Photos SylGazette -Droits réservés pour tous pays y compris la Principauté de Monaco -

Aucun commentaire: