Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

samedi 3 juillet 2010

Un acteur, deux films

Pour cause de défaillance du co-spectateur prévu, l'énième vision de "Il était une fois en Amérique" est reportée sine die.
En lieu et place, deux soirées avec Leonardo.
En vieillissant, le teen-ager de "Titanic" acquiert au fil des films une maîtrise stupéfiante.
Je découvrais jeudi le denier "Scorsese" où Di Caprio est cependant moins convaincant que dans le film de Sam Mendès que je revoyais hier soir avec un copain qui assistait, bluffé, à sa première séance au SylPalace, d'autant que le support était un Blu-ray.
Pour ce qui concerne Shutter Island, avec le recul nécessaire, je suis un peu sur la réserve.
Le Scorsese de Taxi Driver qui révolutionna le cinéma hollywoodien des années 70 est devenu un excellent cinéaste, rien de plus, rien de moins.
Il nous offre un grand film par an, que l'on peut aller voir en étant sûr de passer un vrai grand moment de cinéma.
Certains peuvent ne point s'en contenter ; on les comprend : il y a un sens du cadre, de la lumière, de la photo, toujours exceptionnels, y compris un traitement de la couleur propre à ce réalisateur : l'exemple le plus typique étant "Aviator", film étonnamment sous-estimé des cinéphiles.
Shutter Island est finalement, malgré les qualités soulignées, assez "académique", usant d'un procédé maintes fois érodé ; j'adore être manipulé par un auteur de films, ce en quoi Hitchcock était passé maître, demeurant inégalé à ce jour.
Ici, "Marty" sème trop d'indices pour que le spectateur soit dupe jusqu'au bout.
A l'inverse Mendès, dans ses "Noces Rebelles" revues hier soir, donc, y parvient beaucoup mieux sans user du même luxe de moyens : on se doute, certes, dès le début du troisième tiers, que la situation va tourner à l'aigre, mais le dénouement tragique vient nous clouer sur place beaucoup plus efficacement que celui de Shutter Island.
Il faut dire que le tandem Di Caprio/Winslett y est remarquable de bout en bout : les deux ex-"post-ados" de Titanic atteignent ici des sommets dans leur art, sous le regard d'un metteur en scène habité.
L'auteur d'American Beauty" et des "Sentiers de la perdition" étant par ailleurs metteur en scène (et lequel !) au théâtre (Cabaret), il a un sens de la direction d'acteurs qui semble avoir fait défaut à Scorsese sur son île maudite.
Pour ceux qui l'ont zappé ou vu dans des conditions aléatoires, une vision de ce film (le Mendès) s'impose.
Dans les deux cas, vive le cinéma !

Revolutionary Road : Mendès évite le pathos, chapeau !

Shutter Island : le meilleur acteur de sa génération dans un film de Scorsese où celui-ci chausse parfois ses gros sabots...
Sur "Shutter Island", on pourra être intéressé par l'article et les commentaires de "ruines circulaires" ici :
(ne pas lire si vous n'avez pas vu le film) : clic

Aucun commentaire: