Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

vendredi 16 juillet 2010

Tetro... ou pas assez*

Vincent Gallo et Alden Ehrenreich


Enfin vu le film de Francis Ford Coppola ; je tournais autour lors de sa sortie en salles et ne sais trop ce qui me retenait.
J'avais tort sans doute, car le dernier opus de l'auteur du Parrain mérite... le détour.
Après le succès planétaire de son "Godfather" en trois volets et l'aventure épique d'Apocalypse Now, la figure de proue du "Nouvel Hollywood" des années 70 s'est tourné vers un cinéma plus intimiste et... moins cher !
On aima en leur temps "Outsiders" et "Rusty James" précisément pour cela, Coppola sachant mieux que personne observer l'époque à travers le regard d'adolescents forcément rebelles.
Bon an mal an, Coppola poursuit sa route, hors du cinéma américain actuel qui s'adresse en général à des mômes attardés, à grands coups d'effets spéciaux, de montage serré, de surround vibratoires.
A l'inverse d'un Scorsese qui sait sortir son épingle du jeu avec des films tous-publics de bonne facture, jamais honteux, le cinéaste de "Conversation secrète" (son chef-d'oeuvre ?), le détenteur d'Oscar et de Palme d'Or que lui valurent ses deux films les plus opulents, tourne, désabusé, des films qui lui conviennent, à lui, et à un public friand de "cinéma indépendant".
Coppola a chèrement acquis sa liberté, maintes fois ruiné, inconsolable d'avoir produit et réalisé un Parrain qui reste l'une des oeuvres les plus importantes de l'histoire du cinéma.


Alden Ehrenreich


Avec "Tetro" il ne faillit pas à la règle qu'il s'est imposée, nous donnant un film au scénario quelque peu alambiqué, cornélien, où le spectateur s'avisera, et c'est beaucoup par les temps qui courent, qu'on ne le prend pas pour un imbécile.
Les références cinématographiques se multiplient, l'auteur lorgnant du côté de Fellini dans les séquences les plus délirantes et, plus curieusement, vers Almodovar auquel il emprunte son égérie la plus représentative en la personne de Carmen Maura en Fabienne Pascaud (la "critique" théâtrale de Télérama) survitaminée.
Vincent Gallo est un grand acteur ; ce que "Tetro" nous permet de vérifier, où Coppola lui offre un rôle d'écrivain raté mais génial (ou inversement) qui colle parfaitement à ses guenilles d'acteur hors-circuits.
On lui adjoint un jeune comédien, Alden Ehrenreich, venu de la téloche ("Les experts"), au talent très prometteur s'il parvient à éteindre le Di Caprio qui sommeille en lui, car, pas de chance, la ressemblance avec le Léo (jeune) est troublante.
On retiendra surtout de "Tetro", qui n'a même pas les honneurs d'une édition Blu-ray, une magnifique photo en noir et blanc que viennent trouer, parfois, des scènes en couleurs saturées qui illustrent les aspects "felliniens" et "almodovariens" du film.
On sait qu'on a vu un beau film un peu malade ; et ça, c'est déjà beaucoup !


F.F. Coppola et ses deux acteurs principaux

DVD (uniquement !) FPE.
*On ne peut la rater, celle-là !

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