Non, je n'ai pas publié hier et vous m'en voyez confus.
Mais pas besoin d'un mot des parents pour m'excuser.
Comment voulez-vous que se déroule normalement une journée qui commence par le martèlement de la voix de Michèle Alliot-Marie dans la radio qui réveille ?
Je me souviens d'une vanne d'Edmond Meunier qui, déjà, à l'époque, disait : "elle, quand elle passe à la télé, j'ai envie de gifler le poste !".
Se lever au son d'un clairon ministériel de ce type entraîne des conséquences néfastes qui se font sentir tout au long de la journée, dont la plus importante : l'organe vocal métallique s'est insinué en votre oreille interne, tel un acouphène, et ne vous lâchera plus jusqu'au soir.
Les propos assénés sèchement, mécaniquement, sont à l'aune du personnage et de la politique qu'il défend : "la" ou "le" ministre (on l'appelle comme on veut, indifféremment, dit-elle !) nie le caillassage, à Strasbourg, de manifestants par des CRS, faisant s'étrangler au passage Thomas Legrand (journaliste politique) qui lui rappelle que la vidéo de l'acte lapidaire a largement été diffusée sur la toile.
Et là, "la" ou "le" ministre de se stupéfier, je résume : "ah bon, une vidéo ? quelle vidéo ?, l'ai pas vue, meuha !".
S'ensuivent des félicitations aux forces de l'ordre, exemplaires, et un rappel de la grande idée du siècle que vient d'avoir "la" ou "le" ministre, c'est comme on veut, à savoir l'interdiction des cagoules dans les manifestations.
Je tremble d'avance pour le petit garçon de froid pays, égaré rue de la République (y'en a forcément une dans le patelin) au beau milieu d'une manif.
Juste avant de sortir de son chaud cocon familial, il a entendu la sempiternelle injonction maternelle : "mets ta cagoule, on se les gèle !".
Il y a en ce pays un antisémitisme d'extrême-droite, mais aussi un antisémitisme rouge qui s'exprime de diverses manières ces temps-ci, et souvent ça schlingue.
Ca s'exprime contre des personnalités de ce que certains appellent la "fausse gauche" en détenteurs de la vérité vraie, et c'est chose toute banale en notre douce France : des Blum ou des Mendès-France en firent autrefois les frais, ce dernier, certainement l'un des plus grands hommes d'état du XXème siècle, renonçant à se présenter à la présidentielle, disant que "jamais les français n'éliront un juif".
Les officiers SS à la tête des "Einsatz gruppen" qui entreprirent en 40 et 41 de "nettoyer" les pays baltes de leurs juifs, exterminant de façon barbare mais méthodique des centaines de milliers de femmes, d'enfants, de vieillards, n'étaient pas des soudards incultes.
On y trouvait des docteurs en droit, des philosophes, des universitaires de toutes disciplines, de fins lettrés, des mélomanes raffinés...
Ils organisèrent le plus grand massacre de l'histoire en favorisant cette "dilution des responsabilités" qui fait que chacun peut dire "j'ai obéi à un ordre, je n'y suis pour rien".
Dans leur barbarie, ils entraînèrent des lituaniens, lettons, roumains et autres ukrainiens en rupture de front, ennemis de l'URSS, des soudards imbibés d'alcool qui paticipèrent allègrement à l'ignominie, à l'indescriptible.
Quand j'ai lu "Les bienveillantes" de Jonathan Littel,qui traite précisément de ces faits, je n'en crus pas mes yeux.
Et hier soir, le document de France 2 sur ces "einsatz gruppen" me mettait en face d'une réalité indéniable (et pourtant, il existe des "négationnistes" !).
Bon, ça met pas dans les meilleures conditions pour s'endormir du sommeil des justes, mais je vous conseille vivement, si vous avez loupé la première partie, de regarder la seconde jeudi prochain.
Tout cela pris en compte, je ne suis guère étonné que beaucoup de nos concitoyens juifs aient une trouille bleue, jusqu'à la paranoïa parfois, de l'antisémitisme.
Ils sont tout excusés.
Et vous m'excuserez pour les images pas jolies qui illustrent ce billet.
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