Un piaf sur mon balcon.
Bouleversant, pathétique, grandiose…
Le film est annoncé comme tel par les médias, et on aimerait tant qu’il en soit ainsi parce que, enfin, on consacre un vrai film (oublions le naufrage « Edith et Marcel » de Lelouch), à celle qui fut sans conteste la plus grande chanteuse française du siècle déjà dernier.
Même Libération, d’ordinaire plus féroce avec ce genre de « produit » trouve le film « pas mal ».
Le réalisateur Olivier Dahan (non, ce n’est pas le frère de l’imitateur à l’affiche effarante de misogynie) s’est visiblement inspiré du bouquin (je ne dis pas « livre ») de Simone, demi-sœur de Piaf.
Lequel bouquin, en son temps, déclencha un véritable tollé et un procès en légitimité (était elle vraiment apparentée à Piaf ?).
Si le but du film est de faire connaître Piaf aux jeunes générations (qu’on flatte ici à coups d’effets clipesques et de 5.1 « enveloppant à souhait »), c’est raté :
on n’apprend pas grand-chose sur ce mythe de la chanson française, si ce n’est que l’amour de sa vie fut le boxeur Marcel Cerdan.
On n’apprendra pas, si on ne le sait déjà, que la « môme » fut une croqueuse d’homme, perpétuellement passionnée, ayant besoin d’amour comme d’oxygène.
On ne saura pas le rôle important qu’ont tenu dans sa vie des gens comme Montand et Aznavour dont elle fut le pygmalion.
La narration à coups de flash-back incessants nous promène dans la vie de la môme, d’Edith, de la môme, de Piaf, de la petite, etc.
Si bien qu’un « profane » sortira de la séance totalement déboussolé.
Il aura, certes, assisté à un beau numéro d’actrice, Marion Cotillard jouant Piaf avec une admirable implication qui lui vaudra sans aucun doute un Cesar lors de la cérémonie 2008.
De méchantes langues pourront dire aussi que c’est surtout le travail du maquilleur qui devrait être couronné.
Je n’irai pas jusque là : la Cotillard (ce n’est pas péjoratif, au contraire) nous fait croire à son personnage la plupart du temps, à l’exception près qu’on est quelque peu stupéfait de lui voir prendre la voix … d’Arletty !
Quant au « filmage » en lui-même, il se veut donc « moderne » mais sans rien qui puisse heurter les très nombreux spectateurs attendus, coco, avec de belles zimages qui font penser vraiment, dans les scènes « enfance », au laborieux « Oliver Twist » de Polanski.
Montage incohérent, fondus au noir pour tirer à la ligne, et comme je l’ai dit flash-back incessants (une chatte n’y retrouverait pas ses petits), irruption en fin de film d’une histoire douloureuse (je ne « spoile » point !) bâclée en 2’ alors qu’elle pourrait expliquer beaucoup de choses sur cette personnalité …
Enfin, qui éprouvera de la sympathie pour cette femme capricieuse, voire tyrannique, comme on nous la dépeint ?
Quant aux chansons, elles sont pour la plupart tronquées (faut aller vite, coco, faut faire un max de séances) en un salmigondis où l’on ne sait plus qui chante, de Piaf elle-même où de la chanteuse, au nom tout petit au générique si on a la politesse normale d’attendre un peu avant de se ruer sur son paquet de clopes.
La musique originale, bruyamment « mode », n’étant en fait qu’arrangements sur les couplets de « Mon légionnaire » et autres succès de la « vedette » comme on disait alors.
A l’arrivée, « La môme » est un beau film raté, pas un navet, certes, mais pas un grand film.
« Formaté » pour, visiblement, séduire un public international, le film ne devrait pas dépasser nos frontières.
Restent les chansons, immortelles, qu'on trouvera chez tous les bons disquaires en version originale.
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