Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

mardi 27 février 2007

Humilités et cloclomania.

J'ai rapporté de Montpellier mes enregistrements sur microsillon dans divers concours de piano (Concours National, Académie Marguerite Long, Concours Madeleine de Valmalète etc.) que ma mère avait précieusement conservés.
J'avais 14 et 15 ans !
Il y a du Debussy (2 extraits de Children's Corner et une "arabesque"), du Chopin (Etude 7 de l'opus 25), du Chabrier (Bourrée Fantasque), du Liszt (Etude de concert : La Leggierezza) et la sonate en sol min. de Schumann que je ne me souvenais pas avoir jouée.
Les disques, épais comme des panisses, sont très abimés : ça crache, saute parfois et les saturations sautent à l'oreille.
Les preneurs de son étaient dans de petites cabines démontables et couvraient les concours sur toute la région (de Menton à Marseille).
J'ai écouté ça avec beaucoup de recul, comme je le ferais d'un élève : c'était excellent (presque toujours) et je comprends mieux le libellé de ces papiers cartonnés intitulés diplômes que je tenais pour de dérisoires colifichets.
J'aimerais bien jouer aussi bien ce répertoire aujourd'hui.
Je me plante pas mal dans le Liszt (c'était en 68, je n'avais pas assez travaillé, c'était les premiè-res amours...), mais la sonorité et la technique sont bel et bien là.
Le Chopin est superbe mais un peu "sec" : c'est sans doute la seule oeuvre que je joue mieux aujourd'hui, plus mûr, plus au fait des choses de la vie.
Dans la sonate de Schumann, je me suis bluffé.
Je vais la réécouter par Guilels : ça me calmera.
Je cherche quelqu'un pour transférer tout ça sur cd.


Ca en étonne plus d'un(e) : en cette période où le piano occupait une place si essentielle que mes études s'en allaient à vau-l'eau, entre deux sonates des Beethoven, je me démenais comme un sauvage sur les chansons du monsieur ci-dessous.
Attention, c'était avant la période "col pelle à tartes, pattes d'eph, paillettes" et après la période "yéyé".
Les émissions de J.Christophe Averty, premier véritable créateur télévisuel, faisaient souvent appel à ce ludion déchaîné, danseur exceptionnel, batteur de talent, qui symbolisait à mes yeux le Spectacle.
Je n'ai découvert que bien après que les chansons étaient issues du répertoire des "Suprêmes" ou des "Four Tops", stars de la Tamla Motown.
J'étais fan de cet encore jeune homme, élégant, classieux, bourré de talent.
Il me déçut par la suite de téléphones pleurant en chansons qui s'en vont et puis reviennent.
Mais je lui restai fidèle au point de ne jamais manquer ses concerts dans la région, jusqu'au dernier en octobre 77 au Palais des Festivals.
Le jour de sa mort, comme des millions de français, j'étais dévasté.
Les chansons qui me font encore "groover" :
J'attendrai
Tout le monde a besoin d'amour
Reste
Monsieur le biznessman (du jazz, carrément !)
C'est la même chanson (enregistrée à Detroit, chez Tamla !)
Aime moi ou quitte moi ! (pour les meetings de Sarko ?)
Rien Rien Rien (reprise disjonctée du "I was made to love her" de Stevie Wonder
Hip Hip Hip Hurrah (écrite par ... Gainsbourg)
et, bien sûr, "Comme d'habitude" dont il enregistra la première et meilleure version à ce jour.
La photo est de Jean Marie Périer pour SLC.

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