Le journal de Sylvian Coudène.
Humeurs, humours, musiques, cinéma, et autres libertés provisoires.
"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)

dimanche 15 août 2010

Films de la semaine

Le temps se prête à la boulimie cinématographique, si ce n'est que les salles n'ont pas grand chose à offrir ces temps-ci.


Vu en salle :
(oh qu'il est beau) L'ARBRE (The three) de Julie Bertucceli : si la cote de l'office catholique du cinéma existait encore, sûr qu'un "pour tous" serait attribué à cette coproduction franco-italo-australienne (ouf !) que l'on peut sans problème aller voir un jour de pluie avec les enfants.
En notant au passage que le cinéma où je l'ai vu (les 5 Caumartin) doit employer un projectionniste myope tant la mise au point y est approximative (mais c'est à la mode actuellement, à croire que le public s'en fout), je ne peux dire que je me sois ennuyé : les images sont très belles ("de bien belles images en effet" comme dirait la Lauby !), le cyclone très bien rendu, l'arbre-vedette joue très bien, étant, comme il se doit, majestueux et tout.
Le concept (je ne trouve pas d'autre mot) mêle habilement écologie de bon ton, réflexion sur le deuil (à la suite d'un infarctus foudroyant comme on n'en voit qu'ici chez un homme d'un peu plus de trente ans) et renaissance à la vie après ce deuil, donc.
Je ne sais pourquoi, ça m'a glissé dessus comme ça ; peut-être l'interprétation de Charlotte Gainsbourg, la gamine tête à claques, le traitement policé d'un scénario pas idiot ?
Bref, bon, voilà, la moyenne parce que c'est vous : 5/10


"L'arbre"


DVD ou Blu-ray en projection :


TSAR, de Pavel Lounguine (location) : ça narre (ce nanar narre ?) une partie du règne du Tsar Ivan qui était très méchant de chez méchant.
Beaux costumes, acteurs russes qui russifient, hémoglobine, tortures très cruelles, neige, traineaux, méchante reine, bataille de chômeurs (de figurants, quoi) etc.
On informera la population qu'il existe un film d'un certain S.M. Eisenstein intitulé "Ivan le terrible" (1944) qui est chef-d'oeuvre absolu.
On considèrera donc ce "Tsar" comme parfaitement inutile.
Et on lui donnera, bon, allez 4/10 (pour l'image et le son)

UNE NUIT A NEW YORK (Nick and Norah's Infinite Playlist ) de Peter Sollett (location, faut pas déconner !)
Là, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser : ça ressemble fort à un "teen movie" avec ses poncifs en mode "vomi" obligatoire (c'est marrant cette prétendue fascination des ados pour le dégueulis).
Cependant, on sera agréablement surpris par la manière dont est filmée la "grosse pomme", de nuit, sans pour autant évacuer les vieux démons "scorsésiens" qui nous habitent pour toujours.
L'acteur principal gâche tout à fait le plaisir qu'on pourrait prendre à cette bluette qui lorgne du côté de certaines comédies des années 40 : l'air bovin qu'il promène tout au long de ce film court (et ça, c'est bien) n'est pas fait pour qu'on s'accroche vraiment à cette petite histoire.
On a le droit de préférer un cinéma qui regarde l'adolescence avec plus de tendresse et de véracité, celui d'un Larry Clark, d'un Gregg Araki (subversifs) ou, mieux, d'un Gus Van Sant.
Ceux-ci disqualifiant l'obscur Peter Sollett, on octroie un 4/10 pour les zolies zimages.


Ceci n'est pas un taxi (driver).


A la télévision (TCM ou Ciné Classic) en projection toutefois :


BELLISSIMA de Luchino Visconti (1951)
Mon enfant, c'est le plus beau, le plus intelligent, le meilleur.
Classique.
Une "mamma" rêve pour sa gamine de 6 ans d'un destin de "star" à la faveur d'un concours-casting organisé par Cinecitta'.
Naïve, elle sera victime d'un escroc qui lui fera miroiter force passe-droits pour permettre à sa fille d'accéder aux bouts d'essai.
Anna Magnani demeure la plus grande actrice italienne à ce jour : il suffit de voir ce film pour comprendre comment elle accéda à ce statut.
Elle y est émouvante, drôle, tragique, impériale.
Il y aura par la suite le "Carosse d'or" de Jean Renoir, "L'homme à la peau de serpent" de Sidney Lumet aux côtés de Brando et, bien sûr, le "Mamma Roma" de Pasolini où elle retrouve un personnage de maman beaucoup plus sulfureux.
Je désespérais de revoir un jour ce bijou ; cette Bellissima vaut, au moins, 7/10.






15 JOURS AILLEURS (Two Weeks in Another Town) de Vincente Minnelli (1962)
L'une des dernières grandes réussites de Minnelli qui excellait dans la comédie dramatique.
Une fausse suite des "Ensorcelés" (chef-d'oeuvre total) où Kirk Douglas est, cette fois, un acteur mis sur la touche à la suite de graves problèmes psychiques consécutifs à sa dépendance à l'alcool.
Un metteur en scène matois (joué par E.G Robinson, formidable) lui laisse entrevoir une nouvelle chance à l'occasion du tournage, à Rome (encore !), d'un nouveau film.
Sur place, il voit ses derniers espoirs ruinés en même temps que resurgit tel un fantôme son ex-femme, interprétée par une Cyd Charisse littéralement envoûtante.
Qu'est-ce qu'un bon film : une bonne histoire, de bons acteurs, un bon metteur-en-scène et un bonne photo.
Ici, tout y est : 8/10


Kirk Douglas & Cyd Charisse



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